Un rassemblement a été organisé ce dimanche 14 avril, en fin d'après-midi, en hommage à Zakaria. L'adolescent sans histoire âgé de 15 ans a été tué par arme blanche la semaine dernière. Il s'était interposé lors d'une altercation. Quatre personnes d'une même famille ont été mises en examen dans cette affaire qui a endeuillé la ville de Romans-sur-Isère.
Émotion et premier hommage
Après la tragédie survenue dans le quartier de la Monnaie et la mort de Zakaria, âgé de 15 ans, l'émotion ne retombe pas. Un rassemblement a été organisé pour rendre hommage à l'adolescent victime d'un coup de couteau mortel dans la nuit du 9 au 10 avril dernier. L'apprenti a été poignardé tandis qu'il tentait de s'interposer dans une altercation. Il est décédé peu après.
" Il nous manque, on l'aime, c'est un petit qui était bosseur et gentil avec tout le monde, qui n'a jamais chercher l'embrouille avec d'autres personnes", confie Samira, une tante du jeune homme.
Cet hommage a été organisé ce dimanche en fin de journée, à l'endroit même où Zakaria a été mortellement blessé. Une centaine de personnes se sont rassemblées. Selon une participante, des "gens du quartier" ont décidé de rendre un premier hommage à l'adolescent, avant une marche blanche qui se déroulera vendredi.
" C’est une erreur, ce n’est pas lui qui était visé, il était là au mauvais endroit au mauvais moment, c’est impardonnable, j’espère que la justice va faire son travail même si cela ne fera pas revenir leur enfant", a ajouté Samira.
L'adolescent Romanais suivait une formation dans un CFA, à Livron-sur-Drôme. C'était un jeune homme sans histoire, a indiqué, au lendemain du drame, la maire de Romans-sur-Isère, Marie-Hélène Thoraval. Zakaria devait fêter ses 16 ans le mois prochain.
"Il a tout fait pour s'interposer dans cette bagarre et au final, c'est lui qui a été touché, il ne le méritait pas personne, ne le mérite", explique un participant à ce rassemblement.
Quatre mises en examen
Dans cette affaire, quatre personnes, toutes appartenant à la même famille, ont été mises en examen vendredi 12 avril. Il s'agit d'un père de famille, de ses deux fils, et enfin d'un gendre.
Activement recherchés, le père de 59 ans et ses fils de 16 et 26 ans, originaires d'un quartier résidentiel à l'ouest de Romans s'étaient rendus jeudi 11 avril à la police. Le lendemain, ils ont été présentés à des juges à Valence. À l'issue de leur comparution, les mises en examen ont été prononcées.
Le fils aîné, soupçonné d'avoir porté le coup de couteau mortel, a été mis en examen pour "meurtre aggravé (...) et violences volontaires avec préméditation en réunion sur mineur de 15 ans", a annoncé dans un communiqué le procureur Laurent de Caigny. Le cadet, "qui a accepté de frapper, à la demande de son père" et que la victime a tenté de séparer lors d'une rixe avec un autre mineur, est poursuivi pour "violences volontaires avec préméditation" et le père pour "complicité" concernant ces faits. Le quatrième suspect, le beau-frère âgé de 27 ans, accusé de les avoir aidés à fuir, est mis en examen pour "recel de criminel en fuite".
Les quatre suspects ont tous été placés en détention provisoire, "y compris le mineur dans l'attente d'un débat contradictoire dans un délai de quatre jours pour son éventuel placement en centre éducatif fermé", a ajouté le procureur.
Une unique blessure
Tout aurait débuté par un différend entre deux adolescents. Le père de famille est suspecté d'avoir organisé une "expédition punitive" mardi soir contre un mineur de La Monnaie, après "un différend violent et filmé" intervenu quelques jours auparavant et impliquant son plus jeune fils, selon le magistrat.
Peu après 22h, ils l'ont localisé dans le quartier sensible de La Monnaie, ce qui a généré une "altercation avec des coups". En tentant de s'interposer, Zakaria, simple spectateur, a été blessé à l'arme blanche. Transporté à l'hôpital, son décès a été prononcé peu après. Une autopsie n'a montré "aucune trace de défense ou de lutte" mais "une seule et unique blessure compatible avec une entrée d'arme blanche" qui s'est enfoncée "d'environ 20 centimètres dans le corps de la victime", a indiqué le procureur de la République.
Le fils aîné a reconnu "a minima" avoir porté ce coup. Devant les enquêteurs, il a affirmé "avoir ramassé un couteau au sol et avoir frappé au hasard sans viser, ce qui est peu compatible avec les constations médico-légales et les témoignages", selon Laurent de Caigny.
Harcèlement
Le père de famille, un ancien technicien de maintenance "jamais condamné", s'était rendu dans le quartier de la Monnaie pour mettre fin au harcèlement scolaire dont était victime un autre de ses fils, plus jeune, a assuré son avocat, Maître Ivan Flaud. Il y est allé "sans aucune intention belliqueuse", a assuré son avocat. "On ne lui reproche rien concernant le décès du mineur", a encore fait valoir Me Flaud. D'après le procureur, le père, lui aussi, minimisé son rôle lors de son audition, assurant "ne pas avoir vu le coup de couteau mortel de son fils majeur et ne l'avoir appris qu'au retour au domicile".
À Romans-sur-Isère, le quartier de la Monnaie s'était déjà retrouvé sous les feux de l'actualité à la suite du décès de Thomas, un lycéen de 16 ans mortellement blessé en novembre à la fin d'un bal, dans le village voisin de Crépol. Certains des mis en examen sont originaires de la cité de La Monnaie.
Dans ce quartier, comme sur les réseaux sociaux, l'émotion est très vive après ce nouveau drame. Une cagnotte a été ouverte en ligne pour soutenir la famille de Zakaria et permettre de financer ses obsèques.