C’est une abstention record pour le scrutin du 1er tour des élections régionales. En Auvergne-Rhône-Alpes, elle atteint 67,41%.
Attendu, le taux d’abstention est très fort pour ce premier tour des élections régionales, atteignant même des records. Bien plus fort que lors des élections régionales de 2015. L’ensemble de la région Auvergne-Rhône-Alpes n’y échappe pas. Au total, 67,41% des électeurs se sont abstenus contre 51,1% en 2015 lors du précédent scrutin régional, un écart de plus de 15 points.
Déjà dimanche midi, les chiffres étaient annonciateurs d’un record pour une élection. Au niveau national, le nombre de votants totalisait 12,22% (abstention globale régionales et départementales) contre 16,27% pour les élections régionales de 2015. À 17 heures, le constat était le même. Elle était de 26,72% (abstention globale régionales et départementales) contre 43,01% lors des élections régionales de 2015.
En regardant de plus près chaque département de la région, cette très faible participation est à nuancer dans le Cantal et la Haute-Loire, avec des chiffres au-dessus de la moyenne nationale.
Le Cantal et la Haute-Loire, les bons élèves d'Auvergne-Rhône-Alpes
Le Cantal est le département où l’on s’est le plus déplacé aux urnes en Auvergne-Rhône-Alpes, avec 41,89% de participation, alors que 40,47% des électeurs ont voté en Haute-Loire. A l’inverse, la Métropole de Lyon (29,76%), la Haute-Savoie (28,70%) et l’Ain (31,38%) sont en dessous de la moyenne nationale.
Lorsqu’on compare les chiffres de 2015, le recul est net et très fort. Les raisons de cette abstention sont multiples. Si l’on prend les trois principales explications, selon un sondage Ipsos/Sopra Steria, réalisé entre le 16 et le 19 juin 2021, auprès de 3001 électeurs interrogés, la première invoquée est que ces élections ne changeront rien à leur vie (39%). La deuxième est la volonté de manifester un mécontentement à l’égard des hommes politiques en général (23%). Enfin, la troisième raison la plus évoquée est qu’aucune liste ou candidat ne plaît aux sondés (22%). On peut également noter la quatrième motivation pour ne pas aller voter (21%) qui concerne le peu de capacité d'action, selon les sondés, des conseillers régionaux pour améliorer la situation quotidienne dans leur région.
Les politiques cherchent des coupables à cette abstention
Les politiques ont aussi leurs explications à cette forte abstention. Pour Bruno Bonnell, tête de liste LREM/Modem en Auvergne-Rhône-Alpes, "il y a une incompréhension des gens sur les enjeux de cette élection qui sont des exemples du quotidien". Il a ajouté qu’il fallait "simplifier les procédures démocratiques".
Olivier Bianchi, maire PS de Clermont-Ferrand, pointe la responsabilité multiple. "Les élus d’abord. Peut-être que nous n’expliquons pas assez ce que nous faisons, peut-être que nous nous complaisons quelques fois dans les combats d’appareils.Mais c'est aussi un recul de la connaissance institutionnelle de notre pays. [...] C'est aussi une responsabilité de journalistes qui, quelques fois, préfèrent s'intéresser aux petites phrases qu'aux dossiers de politique publique. Et, enfin, c'est une responsabilité des électeurs qui se plaignent dans la rue mais ne sont pas capables de saisir l'opportunité du bulletin de vote pour signifier finalement le choix qu'ils veulent opérer".
Le candidat du Rassemblement National, Andréa Kotarac estime que "c'est un triste jour pour la démocratie puisque ce résultat ne reflète pas du tout le rapport de forces en Auvergne-Rhône-Alpes". Par ailleurs, il affirme des manquements du gouvernement dans la campagne. "Il y a des endroits où les professions de foi ne sont même pas arrivées aux électeurs dans leurs boites aux lettres."
Face à cette abstention grande gagnante du 1er tour des élections régionales, la question est désormais de savoir si celle-ci se confirmera pour le second tour. Dans le cas contraire, une forte hausse de la participation pourrait changer les rapports de forces. Une grande partie des candidats a fait appel aux abstentionnistes pour se mobiliser le dimanche 27 juin.