Les écologistes arrivent en deuxième position au soir du 1er tour des élections régionales dimanche 20 juin en Auvergne-Rhône-Alpes avec près de 14,5% des voix, devant le Parti Socialiste et Communiste. La liste de Fabienne Grébert pourrait fusionner avec celles du PS et du PC pour le second tour.
Au soir du 1er tour des élections régionales en Auvergne-Rhône-Alpes, les résultats d'Europe-Ecologie-les-Verts ont surpris avec une deuxième place inattendue et 14,5% des voix, les écologistes se plaçant donc devant le Parti Socialiste représenté par l'ancienne ministre Najat Vallaud-Belkacem qui comptabilise 11,4% des voix.
"Nous avons pris le parti de rassembler nos électeurs"
Fabienne Grébert et Najat Vallaud-Belkacem ont répondu toutes les deux, ensemble face aux nombreux journalistes pour une interview unifiée. A la question pouvez-vous battre le président sortant, la réponse est unanime : "oui on va battre le président sortant. Vous allez voir la force des femmes réunies." pour Fabienne Grébert. "On ne peut être que plus forte ensemble" ajoute la représentante du PS. "Nous avons pris le parti de rassembler nos électeurs respectifs dans cette première phase. Nous allons les réunir parce que nous avons un vrai défi" explique en conclusion Fabienne Grébert.
La joie des militants
"On est deuxièmes ! On est deuxièmes !" A 20h précises, les militants écologistes laissent éclater leur joie et leur surprise avec des scènes de liesse à leur siège de campagne du 3e arrondissement selon nos envoyés spéciaux, les cris de joie faisant place au silence pour écouter les différentes réactions des leaders politiques. La question maintenant est de savoir comment va se dérouler précisément la fusion des listes roses et vertes pour le second tour.
"J’ai la responsabilité de rassembler toutes les forces"
Fabienne Grébert (EELV) évoquait déjà la fusion lors de son discours en direct : "J’ai la responsabilité de rassembler toutes les forces citoyennes, les forces de gauche, les forces écologistes et humanistes. Tous ceux qui aspirent à la justice sociale et à la justice environnementale." Elle ajoute : "L'écologie c'est possible, et propose des solutions. Ce soir nous pouvons renverser l'affairisme et le clientélisme et changer la donne. Renversons le cours des choses."
Il faut qu'on aille déloger Laurent Wauquiez
Arrivant à la Préfecture du Rhône, devant un parterre de journalistes et de micro, Najat Vallaud-Belkacem annonce aux alentours de 22h qu'elle se range aux côtés d'EELV pour le second tour : "Nous nous étions d'ores et déjà entendu avec le reste des forces de gauche. Nous nous étions dit que celle qui arriverait la première serait celle qui mènerait la liste au second tour. C'est donc aujourd'hui ce qui va se passer. J'aborde ce second tour avec beaucoup d'énergie et de combativité. Il faut qu'on aille déloger Laurent Wauquiez. Je serai aux côtés de Fabienne Grébert. La social-écologie n'a pas dit son dernier mot dans notre pays."
Des négociations dans un lieu secret
EELV est nettement en position de force pour négocier avec le PS. Dès ce dimanche soir, des négociations sont prévues dans un endroit tenu secret. La liste de Cécile Cukierman devrait elle-aussi entrer dans la danse. Pour le politologue Daniel Navrot, "l'ensemble des gauches fait 4 à 5 points de plus que ce que disaient les sondages. Le parti EELV est en train d'évoluer. La négociation peut être très dure pour avoir le maximum de sièges de conseillers départementaux. C'est une cuisine de fusion normale entre les 2 tours. Mais la fusion implique de sacrifier des amis. Il faut couper beaucoup de branches, surtout avec 3 listes."
Dans son bureau, Najat Vallaud-Belkacem se montrait prudente en début de soirée. "Tout est bon à prendre" disait-elle à ses équipes pendant un dernier décompte de chaque voix, canton par canton.
"La gauche doit se rassembler"
Sur notre antenne Cécile Cukierman appelle très clairement, une nouvelle fois, à une fusion des 3 listes : "La gauche doit se rassembler. Ces discussions doivent avoir lieu avec les 3 listes. Il y a une responsabilité. Les engagements publics doivent être tenus, pour construire une fusion des listes d'ici mardi." Elle annonce qu'elle va discuter avec les deux autres candidates dès ce soir.
Le projet de ligne Lyon - Turin au coeur des discussions, ou des divisions
Ce projet a divisé pendant la campagne les socialistes et les écologistes : EELV est contre, Najat Vallaud-Belkacem est pour.
La Région peut avoir un rôle à jouer dans ce vaste projet international, avec surtout les liaisons ferroviaires entre Lyon et le tunnel transalpin. Près de 190 km de nouvelles voies sont prévues et doivent surtout être co-financées. Ces nouvelles voies pourraient coûter à la Région près de 600 millions d'euros. Un arbitrage est prévu à la fin de l'année. Une vaste plateforme de chargement est envisagée du côté de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry.
Les écologistes dénoncent depuis 2015 un projet "pharaonique", en plaidant pour une remise aux normes et une modernisation du tunnel du Mont-Cenis, tout en dénonçant la pollution générée par la construction des nouvelles infrastructures. Près de 11 km des 57 km du tunnel transfrontalier ont été creusés. Le rythme devrait s’accélérer avec la prochaine désignation des lauréats des marchés de travaux lancés par la société franco-italienne "Tunnel Euralpin Lyon-Turin" (Telt).
Lors de notre débat sur l'antenne de France 3 Rhône-Alpes, Fabienne Grébert (EELV) évoquait une éventuelle fusion avec la liste de Najat Vallaud-Belkacem lors du second tour: "Vous savez sur quoi nous allons nous retrouver? C’est sur la nécessité de faire du fret ferroviaire, ici et maintenant. Je ne me sens pas le cœur de dire aux habitants de la vallée de l’Arve, qui souffrent de la pollution de l’air, qui voient passer des centaines de milliers de camions, qu’ils doivent attendre 2040 pour que le Lyon-Turin soit en service." Est-ce un premier pas vers une acceptation du projet ?
Najat Vallaud-Belkacem elle, avait répondu sans surprise: "Je suis en faveur d’un investissement massif dans le train. Je pense que c’est le transport d’avenir."
Les autres positions des deux candidates
Fabienne Grébert veut investir 10 milliards d’euros pour la transition écologique et créer un pôle d’excellence pour la filière photovoltaïque. Elle a également promis d’augmenter le nombre de kilomètres de lignes ferroviaires. Najat Vallaud-Belkacem s’est engagée à réinstaurer la tarification sociale dans les TER, en soulignant au passage le manque d’avancées de la Région jusqu'à présent dans les grandes infrastructures.
Dans notre dernier sondage Ipsos "Comprendre le vote des français" pour France TV et Radio-France, l'environnement arrive en 4e position des préoccupations des électeurs pour la Région. Les transports arrivent en 12e position.
Les listes pour le second tour devront être déposées avant mardi 22 juin 18h en préfecture. Une conférence de presse est annoncée lundi 21 juin à 14h, pour faire le point sur cette fusion des listes écologistes avec les forces de gauche.