Perdus au milieu des montagnes, les émeus, ces voisins des autruches originaires d'Australie se sont bien adaptés au climat des Alpes. En Isère, Nicole Ozenne élève une trentaine de bêtes.
C'est en 2005, que Nicole Ozenne, alors assistante administrative, découvre les émeus durant un voyage au Canada. "Avec mon mari, alors que nous faisions la route des vins, nous avons vu ce panneau qui indiquait qu'une ferme d'émeus était à visiter. Je ne savais pas ce que c'était, mais je ne demandais qu'à découvrir", explique-t-elle.
Le coup de foudre fut immédiat. C'est d'abord l'aspect rustique "presque préhistorique" de l'animal qui a séduit Nicole. Impossible pour elle de se sortir l'animal de la tête. Pendant 5 ans, elle et son mari pensent à créer leur élevage.
C'est en 2010 que Nicole décide de commencer sa formation agricole. Pendant six mois, elle a intégré un élevage équivalent, avant de rédiger un mémoire sur son expérience, qu'elle a du présenter devant une assemblée à la préfecture. Une fois ces étapes passées, elle a pu commencer son élevage.
Au départ, l'élevage était composé de six oiseaux, désormais, ils sont une trentaine. Chez Nicole, mise à part Lulu, qui est un placement judiciaire, l'élevage a proliféré grâce à la reproduction des couples.
Une société matriarcale
"La société des émeus est une société matriarcale. C'est la femelle qui choisit son mâle et qui a le droit de le répudier, si elle le souhaite. Ce sont des oiseaux monogames, donc les couples se forment et ne se défont pas, en général, mais ça peut arriver", explique l'éleveuse.
Après l'accouplement début novembre, la femelle pond ses œufs, mais c'est le mâle qui les couvera et prendra soin des jeunes émeus.
Il faut environ trois pontes avant que les œufs ne soient fécondés et donnent un petit. Mais là encore, il n'est pas certain qu'ils grandissent bien et puissent venir augmenter le nombre de bêtes de l'élevage de Nicole à 70 comme elle le souhaite.
Reportage Aurore Trespeux, Marie Michellier et Phillipe Caillat
Une viande et une graisse de qualité
Si Nicole souhaite que son élevage grandisse, c'est aussi pour pouvoir augmenter sa production de viande. Chaque année, l'éleveuse abat quatre ou cinq bêtes en période de fête, mais ne peut pas en tuer plus. "Il faut attendre que l'émeu ait deux ans avant de pouvoir l'abattre, ce qui limite le nombre d'abattage", explique Nicole.
"L'émeu est oiseau qui ne vole pas, l'essentiel de sa viande se trouve donc au niveau de ses pâtes. Donc la viande est très nerveuse et pas forcément très jolie, mais en tout cas, elle est très bonne. Sur une bête, jusqu'à 14 kilos de viande peuvent être prélevés", rajoute l'éleveuse.
Mais dans son commerce, Nicole ne se contente pas de vendre de la viande. L'éleveuse produit également des produits corporels à partir de la graisse des volatiles. Notamment des savons et des huiles réputés au Canada pour leur propriété calmante pour la peau. Psoriasis, eczéma et irritations cutanées ne résistent pas longtemps aux propriétés de l'huile d'émeu.