Bernard Tapie, qui est décédé le 3 octobre 2021, est rarement venu en Auvergne. Mais il était à l’initiative de la création de 2 écoles dédiées aux métiers de la vente à Ambert dans le Puy-de-Dôme et Vichy dans l’Allier.
Bernard Tapie en avait lancé l’idée en mars 1985 lors du "Jeu de la vérité" sur TF1, il voulait aider les jeunes de 20 à 30 ans, chômeurs ou ayant peu de formation à se lancer dans les métiers de la vente en suivant un cursus express. Il suffisait d’être dégagé des obligations militaires (le Service National existait encore à l’époque), d’être titulaire du permis de conduire et d’être immédiatement disponible. Les cours étaient gratuits car exclusivement financés par le groupe Bernard Tapie sur ses fonds propres, les stagiaires pouvant par ailleurs être soutenus par l’ANPE (aujourd’hui devenue Pôle Emploi).
Si la toute première a ouvert à Béziers, c’est à Ambert dans le Puy-de-Dôme que la première école Bernard Tapie a vu le jour en Auvergne. Pour y entrer, il fallait passer un entretien mené tambour battant, pour les hommes le costume et la cravate étaient de rigueur. Examen qui poussait candidats et candidates dans leurs retranchements pour mieux faire apparaitre leurs motivations. Jacques Foletti, le responsable formation et directeur des écoles Bernard Tapie s’en justifiait : "C’est presque nécessaire, parce que pour voir finalement ce qu’ils ont dans le ventre, il faut leur rentrer dedans. Je vais dire que dans une arène, comme pour un bon taureau, c’est en piquant un petit peu qu’on détermine s’ils sont motivés et s’ils ont envie de se défoncer, s’ils sont bien équilibrés et s’ils ne sont pas trop affectifs, si on ne risque pas d’avoir de problèmes à ce niveau-là. Un bon toréador doit se vendre à sa foule et un bon vendeur doit vendre son produit, donc il faut qu’il réussisse à faire passer un certain nombre d’images et de messages auprès de son public". Des propos qu’on imagine que Bernard Tapie aurait pu tenir lui-même.
L’école Bernard Tapie d’Ambert a fonctionné jusqu’en 1995, puis en difficulté elle a été reprise par la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Ambert.
A Vichy une école Forme et beauté réservée aux femmes
Le 26 juin 1988, Bernard Tapie était bien à Vichy dans l’Allier pour remettre en main propre les 22 premiers diplômes de l’école Forme et Beauté Bernard Tapie à une promotion exclusivement féminine. Elles étaient près de 400 à avoir répondu à l’invitation quelques semaines plus tôt, 100 avaient été retenues pour la journée de sélection. Et c’est toujours Jacques Foletti qui pilotait les entretiens du jury : "Les critères sont : motivation, ambition, imagination, charme, capacité à convaincre, présence, équilibre émotionnel, affectivité c’est-à-dire se contenir quand on est devant un client". Là encore pas besoin de se forcer, on croirait entendre Bernard Tapie.
Ces 22 pionnières ont achevé le plan de formation sanctionné par le label Bernard Tapie, et souvent les stagiaires de ces écoles décrochaient un emploi dans la foulée, bénéficiant de l’image portée par leur mentor.
Pour la Chambre de Commerce de Vichy, ce partenariat était une aubaine comme le soulignait à l’époque Max Seror, vice-président de la CCI Moulins Vichy : "Vichy va changer de visage avec un espace santé et beauté qui est actuellement en train de se créer et qui va sortir de terre à l’automne 1988. Nous pensions nous à la Chambre de Commerce qu’il était de l’intérêt bien pensé de la ville et de nos partenaires de créer cette école pour que quand ce centre espace beauté santé va devenir opérationnel nous puissions au niveau de Vichy avoir de jeunes femmes qui soient aptes à pouvoir s’occuper des personnes qui viendront visiter ce centre".
Aujourd’hui encore sur les sites web de réseautage ou sur les réseaux sociaux professionnels en ligne, apparaissent les coordonnées d’anciens élèves de ces écoles Bernard Tapie en Auvergne, des quinquagénaires (et un peu plus parfois) qui doivent une partie de leur CV à l’ancien homme d’affaire et à l’homme politique très médiatique.