Coronavirus COVID 19. En Savoie, chroniques d'un confinement d'en haut : "Tous hirsutes !" - 11e jour

Laurent Guillaume, présentateur du Magazine de la Montagne depuis plus de 20 ans, propose tous les jours ses "chroniques d’en haut" en attendant la fin du confinement. Il raconte avec authenticité et parfois humour le quotidien des habitants de sa vallée perchée de Savoie.

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C’est à Valloire, commune située en Maurienne (Savoie) que Laurent Guillaume passe cette période de confinement, dans un hameau perdu situé à 1 700 mètres au dessus de la station. Ici, l’isolement est dans la nature des choses. 

Si vous avez manqué les épisodes précédents (1er au 10e jour), cliquez ici


Ce matin, il neigeotte et l’atmosphère s’est radoucie. Il n’y a rien de paradoxal à cela, en montagne il ne fait jamais trop froid quand la neige tombe. Le ciel est gris pâle et les sommets sont pris dans des écharpes de nuages : clairement, ça sent la journée cocooning. L’occasion de prendre soin de soi : direction la salle de bain. Mon regard croise celui d’un jeune quinquagénaire. Le type a presque eu peur en me voyant, la barbe en vrac, une mèche de cheveux ayant visiblement cessé de lutter contre la gravitation en travers du front. L’ours fût aussi surpris que moi, d’autant plus qu’il s’agissait juste de ma tronche dans le miroir. 

Après avoir confiné seulement 10 jours, je constate avec effroi que confit et confinement ont la même racine.

Ne me dites pas que vous n’y avez pas pensé… Dans l’ordre des choses, après avoir fait des provisions de PQ et de pâtes, on s’est tous dit "Tiens, mais à quoi vais-je ressembler d’ici un mois ou deux ?". Les Français se divisent en deux catégories. Ceux qui, par un heureux hasard, sont allés chez le coiffeur peu avant de confiner, et ceux qui ont procrastiné en se disant qu’ils iraient la semaine prochaine. Les premiers auront donc un net avantage sur les seconds, inutile de vous préciser dans quelle catégorie je me trouve… 

Après avoir confiné seulement 10 jours, je constate avec effroi que confit et confinement ont la même racine, sans rire. Un confit est le nom générique "donné à divers aliments immergés dans une substance grasse (…) scellés et entreposés dans un endroit frais" (Wikipédia). Logiquement, un confinement est donc l’action de confire. Vous la voyez venir, la métaphore ?...

...à ce rythme, on s’en sortira avec une douzaine de kilos en plus, et une tignasse de Néandertal...

Déjà 3 kg en plus, auxquels il faut ajouter par anticipation une pousse de cheveux de quelques centimètres sur une tonsure certes parsemée mais encore suffisamment vaillante pour nécessiter l’intervention d’un professionnel, d’autant plus agile que la matière première est rare. Un rapide calcul permet donc d’anticiper les dégâts : à ce rythme, on s’en sortira avec une douzaine de kilos en plus, et une tignasse de Néandertal, pile au moment où, après avoir quand même été sage pendant des semaines, le printemps et la frustration aidant, un certain nombre d’entre nous parmi lesquels les libertins auront quand même forcément un peu envie de sauter sur tout ce qui bouge...

Pas grave, on gérera ça à la sortie... Vous croyez ça ? Vraiment ? Il serait illusoire d’imaginer que le jour J, celui du lâcher des taureaux, fin avril ou début mai, mon coiffeur chez qui j’attends deux heures en temps normal et pendant les heures de bureau (mon premier Rédacteur en Chef lui-même disait que les cheveux, ça pousse pendant le travail, ça se coupe pendant le travail, et je suis fidèle à ses enseignements) sera disponible sur le champ. La blague pourrait donc avoir des répercussions jusqu’en début d’été voire au-delà. Après la revanche de l’infiniment petit, voici poindre celle des chauves qui n’ont jamais été si sereins face à un avenir incertain. Concernant les kilos, inutile de vous faire un dessin : on a tous remarqué qu’il est plus facile d’en faire que d’en perdre. Ce virus n’a donc pas fini de nous emmerder.


A suivre...
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