En altitude, le réchauffement climatique est deux fois plus rapide qu'à l'échelle de la France. Le guide de haute montagne Georges Unia évoque l'avenir de ce milieu qui se fragilise et de l'alpinisme en général.
Ils sont les sentinelles du réchauffement climatique, les guides de Haute-montagne vont voir leur métier totalement chamboulé dans les prochaines années. Alors que les massifs s’effondrent à cause de la fonte du permafrost et que les glaciers disparaissent, ils vont devoir se réinventer. Améliorer encore la sécurité dans un environnement toujours plus hostile tout en préservant le rêve et l’aventure dont ils sont les figures alpines. Pour le guide de haute-montagne Georges Unia, membre du Syndicat national des guides de montagne (SNGM) le rôle du guide va devenir celui d'un passeur.
Comment tu vois l'avenir de l'alpinisme et de la haute-montagne ?
Sur la haute-montagne, je suis assez pessimiste. Si le réchauffement climatique s'accélère ça risque de devenir très compliqué
Le rôle des guides doit-il évoluer ?
Oui, d'autant plus qu'on est les premiers témoins de ce qu'ils se passe ici. Le réchauffement global est de 1°C mais en montagne il est de 2°C. Donc il y a déjà des effondrements, les glaciers disparaissent. On est en train de comprendre la fragilité de la montagne. Le rôle du guide va changer. On va devenir des passeurs. Il va falloir qu'on fasse comprendre qu'on est tous responsables et qu'on doit tous protéger cet univers. Pour l'instant c'est la splendeur mais c'est un monde qui s'effondre. Aujourd'hui, on a la chance d'être là, de respirer les premières neiges mais qu'est-ce que tout ça va devenir demain ? Tout ça c'est des vrais questions, des vrais inquiétudes et on va devoir s'adapter très vite parce que les changements vont arriver très bientôt.
Est-ce que le classement de l'alpinisme au patrimoine immatériel de l'humanité par l'UNESCO peut avoir un rôle dans cette prise de conscience ?
Oui, je pense que c'est très important parce que dans l'alpinisme il y a des valeurs : la solidarité, l'amitié, le respect. Le fait qu'il y ait une reconaissance de ce domaine, de cet environnement, c'est important pour les guides parce que ça va rester comme une école universelle. C'est vrai qu'on vit une période très difficile mais il faut malgré tout rester optimiste et vivre ce qu'on a à vivre pleinement.Retrouvez les entretiens avec Georges Uria dans l'émission Dimanche en politique dimanche 8 décembre à 11 h 50 consacrée au changemet climatique. Les invités :
- Georges Unia, Guide de haute montagne, chargé du département éthique au sein du Syndicat des guides de haute montagne
- Nicolas Raynaud, Président de la fédération française des clubs alpins et de montagne (DDCAM)
- Bernard Prud'homme, chargé de la demande d'inscription de l'alpinisme au patrimoine immatériel de l'UNESCO