Avec le défilé, samedi dernier sur la fameuse "Turquoise carpet", des 40 délégations de chanteurs de l'Eurovision 2022, le coup d'envoi est donné pour une semaine de concerts, expositions et animations dans la capitale piémontaise. Jusqu'au soir de la grande finale samedi 14 mai, le mot d'ordre sera : "la musique partout !"
"Mon hôtel affiche complet depuis deux semaines déjà", explique avec satisfaction Giorgia, la gérante d'un hôtel proche de la Piazza Vittorio, en plein centre historique de Turin. "Depuis que les délégations d'Azerbaïdjan et de Moldavie sont arrivées ici, du petit-déjeuner au dîner : ça chante à tous les étages. J'ai même été obligée de leur demander de chanter moins fort à partir d'une certaine heure".
Comme le clame "Musica ovunque" ("la musique partout", en italien), le programme lancé par la mairie de Turin pour animer la ville pendant toute la semaine à venir, la musique doit investir tous les espaces de Turin.
Concerts de rue et scène en plein air à l'"Eurovision village"
"Turin vibre cette semaine : c'est le cœur pop de l'Europe !", titrait ce matin le quotidien local La Stampa. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la ville n'a pas attendu le début de la compétition officielle, dès demain sur la scène du PalaAlpitour, pour vibrer.
Outre les concerts de rue, donnés par les artistes des 40 délégations présentes, les collectivités locales ont investi 14 millions d'euros pour accueillir le concours européen de la chanson aux 200 millions de téléspectateurs.
"Ce sont plus de 40 partenariats qui ont été noués, en plus du spectacle traditionnel offert par la compétition", explique Francesco Astore, le responsable de la programmation artistique de l'"Eurovision village", implanté au château du Valentino.
"La scène installée par la ville de Turin est conçue comme un espace ouvert à toutes les productions originales, et aux jeunes artistes de plus de 25 nations. Pendant une semaine, ce sont 70 événements préparés par autant de groupes qui se dérouleront ici."
Une musique en fête sans frontières nationales... ni locales
Et pour que la fête ne soit limitée ni au centre-ville, ni au village de l'Eurovision installé sur les bords du Po, les organisateurs ont misé sur un groupe de jeunes artistes locaux pour amener joie et notes de musique partout dans la ville.
Commencé samedi dernier, c'est ainsi un véritable "giro", un tour des quartiers, qu'a entamé le groupe "Eugenio in via di Gioia". Dans des lieux iconiques de Turin, ou dans la rue, et jusque parfois dans des usines, la bande de quatre garçons multipliera les incursions musicales "non-conventionnelles".
"On est venu avec une idée et une seule : descendre sur le pavé et jouer, embrasser nos instruments et faire tonner toutes les rues de Turin", expliquaient samedi dernier lors de leur premier concert de rue, les "Eugenio in Via di Gioia".
"Une ville pour chanter"
Pas de doute - comme dit le titre d'une chanson de l'un des plus célèbres chanteurs transalpin, Lucio Dalla -, Turin est bel et bien "une ville pour chanter" en cette semaine de l'Eurovision. C'est d'ailleurs le titre d'un événement du festival "off". Une exposition de photos retraçant l'hérédité musicale de la capitale du Piémont. Elle parcourt un siècle de grands concerts turinois : de ceux qui en ont fait la patrie italienne du jazz d'où partaient ou finissaient les tournées des grandes stars du rock, de la pop ou des vedettes locales tel Paolo Conte. L'exposition retrace également les concerts mémorables du "Stadio comunale" de la Juventus pendant les "années de plomb" (celles du terrorisme rouge/noir), où des cocktails molotov arrivaient jusque sur scène en pleine session.
Bref, Turin n'a pas attendu d'être la troisième cité italienne à accueillir le concours de l'Eurovision (après Naples en 1965 et Rome en 1991) pour être une ville qui chante. Et même davantage : une ville du miracle chantant si l'on en croit la dernière histoire d'Eurovision qui s'affiche sur les journaux italiens...
D'après certains médias, quelques notes seulement d'une chanson des "Maneskin", les vainqueurs italiens de l'Eurovision 2021, auraient suffi pour faire sortir du coma une jeune réfugiée ukrainienne de 16 ans. Hospitalisée à l'hôpital CTO de Turin depuis son arrivée en Italie, elle était plongée dans un coma végétatif jusqu'à jeudi dernier. Lorsque que les infirmières du service de thérapie intensive lui ont fait écouter quelques notes de son groupe favori, Anna serait sortie peu à peu du coma.