Le chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, suggére à Emmanuel Macron, ce samedi 5 juin, de réquisitionner les deux usines de silicium que le groupe américano-espagnol Ferropem veut fermer en Isère et en Savoie, avec 350 suppressions d'emplois à la clé.
Jean-Luc Mélenchon en visite sur le site isérois de Ferropem, fabricant de silicium propose au président de la république la réquisition des usines menacées en Isère et en Savoie.
"Moi, si j'étais président de la République aujourd'hui, je réquisitionnerais ces deux usines", a déclaré le candidat à l'élection de 2022 devant celle des Clavaux, un site plus que centenaire situé dans la vallée de la Romanche à Livet-et-Gavet (Isère).
"La demande de silicium va quadrupler dans les prochaines années. C'est une production stratégique pour l'industrie et, si ces usines ferment, notre pays sera 100% dépendant", a-t-il ajouté, en réclamant "un plan" pour créer une filière du silicium en France.
"Avec trois décrets, on la crée cette filière. Tout est là - les barrages, l'usine, le savoir-faire - pour produire un matériau d'avenir. Ce n'est pas des castagnettes qu'on fabrique ici", a insisté M. Mélenchon, en évoquant en particulier les débouchés dans le photovoltaïque.
"Il faut que Macron s'occupe de ça. On ne l'a pas élu pour courir partout et faire le malin, comme il le fait aujourd'hui dans le Lot", a-t-il encore dit devant environ 150 personnes - salariés venus en famille, militants et élus dont la candidate PCF/LFI aux régionales en Auvergne-Rhône-Alpes Cécile Cukierman.
À Livet-et-Gavet, commune de 1.300 habitants, la perspective d'une fermeture de l'usine fait craindre "la mort du village". "Touchez pas à l'usine de nos papas", indiquait une banderole sur le site.
Le 30 mars, Ferroglobe, la maison-mère, avait annoncé la suppression de 350 emplois en France, dont 131 aux Clavaux et 221 à La Léchère (Savoie), en invoquant un "défaut de compétitivité" de ces usines vouées à être "mises en sommeil" et non fermées - pour éviter d'avoir à payer le coût de leur dépollution, selon les syndicats CGT et FO.
Ferroglobe met en avant des pertes financières, liées selon lui à une baisse de la demande et à la chute des cours depuis 2018 en raison de la concurrence du silicium chinois, mais les syndicats dénoncent une mauvaise gestion source d'endettement et des erreurs opérationnelles.
Un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) doit être négocié jusqu'au 7 octobre.
Yannick Jadot (EELV) et Laurent Wauquiez (LR) avaient déjà rendu visite aux ouvriers du groupe en Savoie ces dernières semaines.
En décembre, devant l'Assemblée nationale, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l'Industrie, avait appelé Ferroglobe à "ses responsabilités" et à "soutenir sa filiale" française, alors qu'une restructuration se profilait.