La forêt est le poumon de la région Auvergne-Rhône-Alpes. C'est aussi un pilier de son économie. Mais l'exploitation du bois dépend d'un marché mondialisé très tendu avec la reprise économique post-covid. Certains chantiers de construction ont dû être reportés.
Faut-il craindre une pénurie de bois ? Composants électroniques, matières premières... La sortie de la crise sanitaire provoque, au niveau mondial, des ruptures d'approvisionnement dans de nombreux secteurs industriels et commerciaux.
C'est le cas dans la filière bois où la demande explose, notamment à cause des achats de la Chine (+66 % de résineux, +30 % de chêne, au premier semestre). Les entreprises de construction ont dû reporter des chantiers faute de recevoir suffisamment de produits transformés.
Or, cette activité pèse économiquement en Auvergne-Rhône-Alpes, l'une des premières régions pour le bois (63.000 personnes, 20.000 entreprises), mais la ressource est sous-exploitée.
Dans l'une des plus grandes scieries françaises de résineux, le groupe Bois du Dauphiné (plus de 200.000 mètres cube transformés par an), depuis le début de l'année, la demande s'envole et les prix aussi. Michel Cochet, président de BDD confirme : "pour des acteurs français, on est sur une hausse de 20 %, mais pour des acteurs chinois, c'est des valeurs bien supérieures encore".
Conjoncture aggravante : plusieurs grands pays producteurs limitent leurs exportations et les résineux Français sont d'autant plus convoités qu'ils sont certifiés. Dans la scierie du Bois du Dauphiné, plusieurs labels garantissent l'origine du bois et la gestion durable des forêts.
Résineux et feuillus couvrent un tiers de la région, mais en montagne, l'exploitation du bois est plus difficile. Le manque de matière première vient aussi du morcellement de la forêt. Elle est privée à 80 % et la majorité des propriétaires n'ont que quelques hectares. Un frein pour réagir à la flambée de la demande.
Enfin, les problèmes d'approvisionnement s'expliquent encore par la taille des scieries : la plupart sont artisanales et familiales. Sur 358 scieries en Auvergne-Rhône-Alpes, 18 entreprises assurent plus de la moitié du volume. Or, le bois de construction est de plus en plus utilisé pour les bardages, les ossatures. Ce matériau naturel et renouvelable est valorisé. Il est aussi plébiscité pour réduire l'empreinte carbone.
Et Michel Cochet de conclure de façon assez optimiste que le bois en France se porte plutôt bien : " la matière naturelle est abondante, en France, on prélève 50 % de la croissance naturelle et dans les Alpes, encore moins que ça, 30 %. Certes, il y a eu dans le premier semestre de l'année 2021, une tension, une pénurie sur certains produits en France et sur d'autres marchés mondiaux, mais c'est en train de se régulariser".