On parle souvent de sports "de mecs". Pourtant, loin des clichés, le foot, le rugby et le hockey plaisent beaucoup aux filles. Dans la région, les clubs sont nombreux et les pratiquantes de plus en plus assidues. Mais le sport féminin a encore bien des défis à relever.
On les compare souvent à des combattantes. Leurs adversaires masculins, parfois, disent même qu'elles sont "rugueuses". En tout cas, une chose est sûre, les rugbywomen ne font jamais semblant. Il faut dire que, comme toutes les disciplines réputées "masculines", le rugby au féminin a du lutter pour s'imposer.
19% de filles au rugby
Aujourd'hui, rien qu'autour de Grenoble, deux clubs s'illustrent : les filles de Sassenage qui jouent dans l'élite française depuis 2008 et celles du Grésivaudan, les Coccinelles, qui évoluent, elles, en Fédérale 1. Deux clubs qui montrent bien le développement de la pratique. Aujourd'hui, selon les chiffres du ministère des Sports, les filles représentent 19% des 265 000 licenciés de la Fédération Française de Rugby. Ce n'est pas encore la parité, mais quel chemin parcouru quand on sait que la discipline n'est arrivée en France qu'en 1965 et qu'il a fallu attendre le début des années 2000 pour que le rugby féminin soit officiellement reconnu comme un sport de haut niveau!
Aujourd'hui, tout cela semble entré dans les moeurs. D'ailleurs, depuis trois ans, le Lycée Monge de Chambéry accueille même un centre régional de perfectionnement au rugby féminin. Une véritable pépinière de futures championnes!
Le foot comme locomotive
Le rugby pourrait donc bien suivre le chemin du foot féminin. Certes, là encore, les filles sont ultra minoritaires. En France, elles ne représentent que 1,9% des plus de deux millions de licenciés auprès de la FFF. Mais l'histoire est ici un peu plus ancienne et plus ancrée dans les mentalités. Officiellement reconnu par la fédération internationale depuis les années 70, le foot féminin possède également son propre championnat de France depuis 1974. Surtout, il bénéficie en France des excellents résultats de l'équipe nationale.
Dans le monde du ballon rond, les tricolores font en effet figure de grande nation. La France, 5ème au classement mondial de la FIFA (Fédération internationale de foot), a par exemple disputé les deux dernières Coupe du monde. Si les Bleues n'ont pas encore décroché de titre, elles ont toutefois été très suivies lors des derniers Jeux Olympiques, à Londres, où elles se sont classées quatrièmes.
Les filles de Claix à l'honneur
Surtout, et même s'il reste encore loin de la couverture médiatique offerte à son homologue masculin, le foot féminin suscite de plus en plus l'intérêt du public qui retrouve avec les filles le beau jeu sans les dérives liées à l'argent où à certains comportements hélas bien connus. En cela, les féminines profitent également de quelques équipes phares qui disputent et s'affrontent même en Ligue des Champions, la plus grande compétition européenne. C'est par exemple le cas de Juvisy et surtout, près de chez nous, de l'Olympique lyonnais.
Dans les Alpes, le rôle de locomotive pourrait être joué par le petit club de Claix, en deuxième division. Il y a quelques jours à peine, les "violettes" affrontaient encore la redoutable formation de Saint-Etienne en Coupe de France. Si elles ont logiquement perdu le match (0-3), les Iséroises ont peut-être gagné le soutien du public : plus d'un millier de spectateurs étaient au Stade des Alpes pour les encourager.
Dans les réussites féminines de la région, on pourrait aussi citer les jeunes hockeyeuses. Depuis quelques années maintenant, l'équipe de France de hockey-sur-glace féminin se développe. Au point d'avoir installé son quartier général à Chambéry. Un véritable centre de formation qui permet aux tricolores d'être toujours plus performantes : elles ont récemment décroché le titre de championnes du monde de deuxième division, un ticket direct vers les hautes sphères du hockey mondial.
Le hockey, un sport officiellement mixte
Et en matière de sport féminin, le hockey fait figure de pionnier. La discipline est le seul sport collectif officiellement mixte. Concrètement, des filles peuvent jouer dans des équipes de garçons, et des équipes 100% féminines peuvent affronter des équipes 100% masculines dans les mêmes championnats!
Reste qu'en matières de sports collectifs, si le hockey, le foot et le rugby sont actuellement "tendances", ces disciplines demeurent toutes très loin du handball (31% des licenciés sont des femmes) ou du volley (50%). Cela ne doit pas faire oublier non plus les défis qu'il reste à relever, à commencer par celui du sponsoring.
L'argent : un véritable frein
Sans grande diffusion médiatique, et en pleine période de crise économique, les clubs féminins ont parfois de très grandes difficultés pour boucler leurs budgets et pérenniser leurs financements. Les basketteuses de Challes-les-Eaux sont les dernières à en avoir fait les frais dans la région. L'équipe, trois fois championne de France et première formation française à avoir joué une compétition européenne, a dû demander sa rétrogradation en Nationale 3 à la fin de la saison dernière. Habitué à jouer le haut du classement, le club était devenu trop gros et trop coûteux pour la petite ville de Challes-les-Eaux. Après un projet de fusion avorté avec l'équipe de Lyon, le voici donc revenu au niveau amateur... il y a un an, le dossier faisait polémique en Savoie :