En raison de l'épisode de sécheresse actuel, les éleveurs et producteurs de fromages alpins labellisés peuvent utiliser davantage de fourrage provenant d'autres départements. L'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO) a assoupli son cahier des charges.
Les vaches n'en pouvaient plus de brouter de l'herbe jaune. Face à la sécheresse, de nombreux éleveurs de Savoie et de Haute-Savoie ont été contraints de descendre leurs bêtes dans la vallée. En alpage, les prairies sont de trop mauvaise qualité.
Les réserves de fourrage pour l'hiver ont déjà été entamées. Pour soulager les éleveurs, l'institut national de l'origine et de la qualité (INAO) a augmenté le volume de 25% à 40% de fourrage acheté en dehors de la zone d'appellation.
Les éleveurs envisagent de vendre leurs vaches
A Beaufort-sur-Doron, certains troupeaux sont rentrés dans la vallée avec un mois d'avance. Suivant l'exposition des prairies d'alpage, l'herbe n'est pas consommable par les bovins. Elle a même entraîné une baisse de la production de lait.
Les hangars à foin sont eux déjà bien entamés. D'ordinaire, les stocks de fourrage sont pleins à l'automne. Aujourd'hui, ils sont presque vides. "Pour nourrir une vache l'hiver, il faut 3 tonnes de foin. Nos stocks ne sont pas abondants car on a pu faire qu'une seule coupe d'herbe à cause de la sécheresse. Il nous manque un bon tiers de fourrage par rapport aux années précédentes" explique Yvon Bochet, producteur et président de l'appellation Beaufort, affirmant avoir déjà "rentré de la luzerne venant des Hautes-Alpes".
Face à cette situation exceptionnelle, l'INAO a été contraint d'assouplir son cahier des charges. A Beaufort, plusieurs éleveurs ont pu commandé davantage de luzerne provenant des Hautes-Alpes. "Sans cette modification du cahier des charges, nous n'avions pas d'autres solutions que d'éliminer des animaux. Et cela allait hypothéquer la reprise de la production. L'appellation en elle-même pouvait être en danger" confie Yvon Bochet.
On arrive encore à s'approvisionner. Mais il va falloir voir à quel prix !
Sébastien Breton, directeur de l'AFTAlp
En fin d'été, l'Association des Fromages Traditionnels des Alpes Savoyardes (AFTAlp) a organisé un sondage auprès de ses producteurs. Plus de la moitié envisageait de vendre leurs animaux pour ne pas mettre la clé sous la porte.
La dérogation accordée par l'INAO permet de rassurer les éleveurs pour la saison hivernale à venir. Mais au niveau des quantités et du budget, c'est encore l'incertitude. "Pour l'instant, le marché du fourrage existe. On arrive encore à s'approvisionner. Mais il va falloir voir à quel prix" s'interroge Sébastien Breton, directeur de l'AFTAlp.
Selon l'association, en raison de la sécheresse, la production de lait a diminué de 10 à 20% cet été. Les fromages de Savoie labellisés AOP et IGP risquent de voir leurs prix augmenter en flèche.