A Genève, le Forum mondial sur les réfugiés a autant promis que divisé

L'ONU a salué les progrès accomplis au Forum mondial sur les réfugiés, organisé cette semaine dans la ville suisse, qui a vu s'opposer pays riches et pays pauvres.

Places de réinstallations, milliards de dollars promis... et dissensions. L'ONU a salué ce mercredi 18 décembre les résultats du premier Forum mondial sur les réfugiés, organisé à Genève. Celui-ci porte les "ingrédients du succès" malgré les déchirures entre pays riches et émergents, portées notamment par le président turc Erdogan.

Lors de cet événement qui s'est ouvert mardi, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés entendait donner un nouveau souffle au partage des responsabilités concernant la prise en charge des 71 millions de déplacés, dont 26 millions de réfugiés. Et ce, un an exactement après la conclusion à New York d'un Pacte mondial sur les réfugiés, censé apporter une réponse collective aux mouvements massifs de déplacés.
 

"Les situations des réfugiés ne sont des crises que quand on les laisse le devenir"


"Le soutien public pour l'asile a faibli ces dernières années. Et dans de nombreux cas, les communautés qui accueillent les réfugiés (à 80% répartis dans des pays pauvres ou en développement, ndlr) se sont senties submergées ou oubliées, a affirmé hier soir le Haut-commissaire aux réfugiés, Filippo Grandi. Mais les situations des réfugiés ne sont des "crises" que quand on les laisse le devenir. Dans ce Forum, nous avons vu un virage décisif vers la vision à long terme".
 
Au total, plus de 770 "promesses" dans divers domaines ont été adressées lors de ce Forum, qui a été l'occasion pour le secrétaire général de l'ONU  António Guterres d'appeler la communauté internationale à "assumer collectivement" le poids du flux de réfugiés. Plusieurs milliards de dollars ont été promis, a souligné le HCR dans un communiqué, dont 2,2 milliards pour la seule Banque mondiale.

Le secteur privé a surtout émis des annonces qui doivent permettre de donner accès à "au moins 15.000 emplois" aux réfugiés. Les gouvernements se sont engagés dans les domaines de l'énergie, de l'infrastructure ou encore de l'éducation, à la faveur de changements de législation par exemple pour faciliter l'accès à l'école pour les enfants.
 

1,44 million de réfugiés, 30 000 places de réinstallations en Europe


"Ce Forum a les ingrédients du succès" et il faudra "en mesurer l'impact", a déclaré Filippo Grandi après la clôture de l'événement. Le HCR s'est également félicité des annonces en matière de réinstallations, un programme consistant à installer dans des pays tiers des personnes déjà déplacées. "Plus de 30.000 places de réinstallations pour 2020" ont été promises en Europe, a annoncé la Commission européenne mercredi, promettant pour sa part un "soutien financier" aux États concernés.
 
La France, de son côté, a annoncé le renouvellement de son engagement d'accueillir 10.000 réinstallés lors des deux prochaines années, après avoir affirmé que l'objectif similaire d'ici fin 2019 serait "atteint". "La France peut aujourd'hui s'honorer d'être devenue l'un des principaux pays de réinstallation dans le monde et le premier en Europe", a souligné le ministère de l'Intérieur. 

Le HCR estime à 1,44 million le nombre de réfugiés en besoin de réinstallation dans le monde. Et signe que les réserves émises par les pays pauvres et émergents ont laissé des traces, le Haut-Commissaire Grandi a également affirmé que "l'asile doit rester une réalité dans toutes les parties du monde, même dans les pays riches, et encore plus dans les pays riches".
 

Le Pakistan annonce une "crise des réfugiés sans précédent"


Ces mots auraient pu venir de Recep Tayyip Erdogan. Le président turc a fustigé la veille ces pays riches qui "ont fixé des quotas pour accueillir un très petit nombre" de personnes, et a tancé une communauté internationale qui ne lui avait pas fourni "les aides" financières promises. C'est ainsi que l'homme fort d'Ankara, dont le pays est celui qui accueille le plus de réfugiés au monde, a affirmé que le manque de soutien financier avait "obligé" son pays à intervenir militairement en Syrie.

De son côté, le Premier ministre pakistanais Imran Khan a fait planer le spectre d'une nouvelle "crise des réfugiés sans précédent" et un potentiel "conflit entre deux Etats nucléaires", en dénonçant les agissements du voisin indien, accusé de vouloir modifier "la démographie du Cachemire" en encerclant quelque 7 millions de musulmans.

La prochaine édition du Forum aura lieu... dans 4 ans. 
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