Le canton de Genève a voté à 58% en faveur de l'instauration d'un salaire minimum de plus de 4 000 francs suisses par mois, soit presque 3 800 euros. Une mesure en réaction à la pauvreté d'une partie de la population, devenue très visible durant la pandémie de Covid-19.
Un dimanche très social. Les genevois étaient appelés aux urnes ce dimanche 27 septembre, pour une votation cruciale à la forte participation. Résultats, les Suisses ont rejeté une limitation de l'immgration des ressortissants de l'UE, plébiscité le congé paternité de deux semaines, et entériné un salaire minimum généralisé à 23 euros de l'heure, soit environ 4 000 francs suisses par mois... L'équivalent de presque 3 800 euros !
Cette mesure sociale a été adoptée avec 58% des voix. Le salaire minimum garanti sera donc de 4 086 francs suisses par mois pour 41 heures de travail hebdomadaire. Un évènement en Suisse, alors que seuls les cantons du Jura et de Neuchâtel avaient déjà mis en place des mesures similaires.
Les salaires inférieurs à 4 000 francs mensuels seront donc revalorisés. Jusqu'à présent, les salaires minimaux étaient fixés par branche professionnelle.
Une pénalité pour les petites entreprises ?
La mesure votée ce dimanche devrait notamment concerner les restaurants, les entreprises de nettoyage, ou encore les salons de coiffure. A l'instar de celui de Sébastien Carpentier, qui emploie quatre salariés, dont "une est concernée parce qu'elle sort d'apprentissage", explique-t-il.Pour lui, l'instauration d'un salaire minimum est juste, mais devrait dépendre "d'une étude spécifique à chaque branche professionnelle". Il estime ainsi que, dans la coiffure, la mesure s'ajoute "à la concurrence déjà forte" et aux conséquences de la pandémie de Covid-19, risquant de faire augmenter les dépenses de la petite entreprise. "On ne vas pas pouvoir augmenter nos prestations, mais si on ne le fait pas, on va avoir de la récession", ajoute-t-il.
"Mouvement de solidarité"
Avant le vote, la gauche suisse avait présenté le mesure comme un moyen de lutter contre la pauvreté, alors que la pandémie a durement frappé Genève. Les habitants de la ville, où les files d'attente lors de distributions alimentaires ne sont pas rares, ont ainsi exprimé leur "mouvement de solidarité" avec les plus pauvres, analyse Michel Charrat, président du Groupement transfrontalier européen.Pour lui, ce vote est "une très bonne nouvelle", qui devrait aider à "rétablir un certain équilibre entre les populations du Grand Genève" :
Le classement du Economist Intelligence Unit’s Worldwide Cost of Living en mars 2015 classait en effet Genève à la septième place des villes les plus chères du monde. Ainsi, dans une ville où le salaire médiant était de près de 7 300 francs suisses en 2015, un salaire minimum à 4 000 francs suisse n'est pas une absurdité.Le Covid a démontré qu'une certaine part de la population suisse ne peut pas vivre à Genève [...]. 4 000, c'est le minimum pour ne pas atteindre les seuils de pauvreté, et ne pas se retrouver dans des situations dramatiques. Les loyers se retrouvent très souvent au-dessus de 2 000 francs suisses.
Cette hausse va bénéficier en tout à 30 000 travailleurs, dont deux tiers de femmes.