Ouarf, c’est le maître mot de la course de chiens de traineaux qui traverse les paysages alpins chaque année en janvier. La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc déroule sa 17e édition depuis les balcons du Mont Blanc jusqu’aux grands espaces sauvages de Haute Maurienne.
En 2021, la Grande Odyssée Savoie Mont-Blanc a dû s’adapter au contexte sanitaire. Concurrents masqués et course sans public, ce qui tranche avec l’ambiance habituelle de cet évènement qui a rassemblé plus de 50 000 spectateurs lors de sa dernière édition. Mais le cœur y est, et sans état d’âme, pour la soixantaine de mushers engagés dans la course, l’une des plus prestigieuses en Europe. Sur la ligne de départ, il y a bien sûr les stars du milieu, mais aussi et surtout les chiens. Et ce sont eux, les vrais athlètes de cette compétition. Traités comme des sportifs de haut niveau – ce qu’ils sont, finalement – ces chiens de traineau bénéficient d’un espace vétérinaire à leur disposition en permanence, en cas de bobo, ou tout simplement pour une séance d’osthéopathie canine après l’effort, et de super bols de croquettes qui finiraient presque par nous donner envie à l’heure de l’apéro... Car il ne peut y avoir de course sans une complicité exceptionnelle entre le musher et l’animal. Depuis leur plus jeune âge, ces chiens sont sélectionnés pour leur « envie » de courir, leurs aptitudes et leurs caractéristiques génétiques, explique Sandrine, la vétérinaire en chef, qui ajoute que la course est pour eux quelque chose qu’ils aiment, sans qu’on ait besoin de les y forcer.
D’ailleurs, lorsque l’on discute avec Cindy Duport, benjamine de la course, le plus dur est de faire attendre ses fidèles quadrupèdes, surexcités à l’idée d’aller gambader dans la neige, et que nos discours néanmoins élogieux sur leur gentillesse, leur poil brillant ou leurs yeux expressifs ne passionnent guère... Cindy a toujours vécu avec des animaux. Des chevaux d’abord, puis un chien, puis deux, puis trois, et enfin de quoi monter un attelage et partir à l’aventure dans les grands espaces nordiques. Car la passion du mushing ne s’explique pas vraiment. Elle coule dans ses veines comme dans celles de Thibaut, originaire du nord de la France et pisteur-traceur sur la course, mais qui n’hésite pas à partir trois mois par an avec ses chiens pour vivre le frisson de l’aventure nordique en Norvège, là où la civilisation n’est pas accessible à coup de téléphone portable ou de motoneige.
L’univers des chiens de traineau et des mushers est un petit monde bien à part, et il est parfois difficile d’en percer les secrets. Non, leur passion ne s’explique pas vraiment, mais elle a deux fondements que l’on peut aisément comprendre : l’amour de leurs chiens avec qui ils entretiennent une complicité rare, et un goût certain pour les ambiances nordiques, la neige et le froid. La Grande Odyssée est donc un lieu où ils se retrouvent, pendant dix jours, dormant parfois dans des camions ou des tentes, déjeunant par -10° sur des tables de camping, avec leur famille autour d’eux, je veux parler bien sûr de leurs chiens.
Ah, j’oubliais…Il y a bien sûr la course elle-même, les temps, les chronos, les règles, la compétition. Bien sûr, tous sont là pour gagner, si possible. Mais quand on parle avec la plupart des mushers, ça n’est pas seulement la victoire qu’ils sont venus chercher. Ce petit goût d’aventure, la saveur de ces madeleines, non pas de Proust, mais de Jack London, qu’on a tous quelque part enfouis au plus profond de nos rêves d’enfance, ça compte aussi...
Chroniques d'en Haut spéciale "Grande Odyssée Savoie Mont-Blanc", diffusion le dimanche 17 janvier à 12h50 et en replay