A Grenoble, comme partout en France, les professeurs seront en grève ce mardi 19 mai et se rassembleront devant la préfecture, à l'appel de plusieurs syndicats d'enseignants. Ils protestent contre le projet de réforme du collège.
Suppression des classes européennes et bilangues, les cours de latin et de grec remplacés par une initiation aux langues et cultures de l'antiquité, plus de langues vivantes à partir de la cinquième et des enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI)... A la rentrée 2016, l'apprentissage au collège devrait être profondément modifié par une nouvelle réforme.
Objectifs affichés du gouvernement: "réduire l'écart entre les bons et les mauvais élèves qui se creusent à cette période, et améliorer les résultats moyens à l'entrée au lycée". Pour cela, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Education, veut supprimer des dispositifs jugés réservés aux meilleurs élèves, et propose de donner plus d'autonomie aux professeurs en mettant en place des cours à la carte assurés par des enseignants de matières différentes (les fameux EPI) et choisis par les établissements. Ils pourront piocher parmi huit thèmes. Exemples: "développement durable", "sciences et société" ou encore "corps, santé et sécurité".
Autre nouveauté: les élèves apprendront une deuxième langue vivante dès la cinquième, soit une année plus tôt qu'actuellement, mais avec légèrement moins d'heures.
Ce projet a été approuvé par le Conseil de l'Education en avril.
Explications de Denis Vineau-Dugué
Les syndicats ne voient pas cette réforme du même oeil. Les enseignants craignent la fin pure et simple des langues mortes. Ils déplorent également la disparition des classes européennes et bilangues. "Madame le ministre supprime les dispositifs qui profitent à 17% des élèves de collège, les classes bilingues entre autres", indique Jean-Luc Lesecque de Force ouvrière collège-lycée, c'est l'égalité vers le bas."
Enfin, le nouveau programme inquiète aussi les enseignants, surtout en histoire: le gouvernement veut rendre certains thèmes obligatoires (l'histoire des colonies et de la traite négrière par exemple), tandis que d'autres deviendront facultatifs (comme "Sociétés et cultures au temps des lumières"). Les opposants à la réforme ont peur d'impasses.
Interview par Jean-Christophe Solari
Mobilisation
Une journée de grève et de manifestations est donc prévue ce mardi dans toute la France à l'appel de plusieurs syndicats. Parmi les grévistes: des enseignants du collège-lycée international de Grenoble où les langues ont une place primordiale. Même si les sections internationales seront préservées, les professeurs sont inquiets, surtout au sujet des enseignements pratiques interdisciplinaires. "On a le sentiment qu'on va nous retirer des heures pour des EPI dont on ne sait pas trop ce que c'est", explique Anne Dortel, professeur de science-physique et adhérente du Syndicat national des enseignements du second degrés, "on nous enjoint de travailler avec nos collègues, mais on ne nous dégage pas d'heures pour le faire."A Grenoble, les professeurs se sont donné rendez-vous devant la préfecture à 14h30. Ils espèrent aussi être reçus au Rectorat pour détailler leurs positions.
Reportage de Sarah Nabli et Cédric Picaud