La mère d'un pompier grièvement blessé à un oeil fin décembre à Grenoble, lors d'affrontements avec les forces de l'ordre au cours d'une manifestation, a écrit à Manuel Valls pour lui demander que "toute la vérité soit faite" sur cette affaire.
"Pourquoi envoyer (...) 90 CRS avec un arsenal de guerre contre 150 pompiers (...) simplement rassemblés pour dénoncer le vote à huis clos de leur budget?" s'interroge la mère dans une lettre au ministre de l'Intérieur. "Pourquoi mon fils (...) a reçu en plein visage un tir tendu de projectile le couchant dans les bras d'un collègue, gisant, couvert de sang?" poursuit-elle, soulignant que la victime a depuis "perdu l'usage de son oeil droit" et dénonçant une "répression démesurée".
Le 27 décembre, des incidents avaient éclaté entre les forces de l'ordre, CRS et gendarmes mobiles, et quelque 150 sapeurs-pompiers isérois venus manifester devant la préfecture de l'Isère contre la réforme de leur temps de travail. Touché à l'oeil par un projectile, le jeune pompier souffrant d'un éclatement du globe oculaire et d'une fracture du nez avait été hospitalisé. Une semaine plus tard, une marche de soutien avait réuni à Grenoble entre 2.000 et 3.000 personnes.
"Il est trop tôt pour affirmer que nous tenons le film de ce qui s'est passé", a-t-on indiqué ce lundi 20 janvier au parquet, qui a confié une enquête préliminaire à l'antenne lyonnaise de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). "L'enquête se poursuit. Les policiers qui ont effectué le maintien de l'ordre ce jour-là doivent être entendus", a-t-on ajouté.
Entendu une première fois le 7 janvier par l'IGPN, le jeune sapeur-pompier l'a été de nouveau la semaine dernière. "Il lui a été soumis un film plus explicite sur les événements. Il semblerait que ce soit une arme de type flash-ball qui a été utilisée", a précisé son avocat, Me Arnaud Lévy-Soussan. "Ce qui, semble-t-il, a déclenché l'utilisation de cette arme par les forces de l'ordre, c'est l'usage dans leur direction d'une lance à incendie à faible pression par les pompiers", a-t-il ajouté.
"Ce que montre en revanche clairement le film, c'est que les tirs ont été effectués à hauteur d'homme, en direction du groupe de pompiers qui tenaient la lance à incendie et derrière lequel se trouvait Quentin", a souligné Me Lévy-Soussan.