Grippe aviaire : comment les mesures de biosécurité sont contrôlées dans l’Allier et le Puy-de-Dôme

Après la découverte de volailles porteuses du virus H5N8 en Corse, plus connu sous le nom de « grippe aviaire », les départements métropolitains ont été placés en risque élevé le 17 novembre. Comment le respect des mesures sanitaires est contrôlé ? Exemple dans l'Allier et le Puy-de-Dôme.

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En France, un premier foyer d’influenza aviaire, ou grippe aviaire, hautement pathogène (virus H5N8) a été détecté en Corse, dans le rayon animalerie d’une jardinerie de Bastia, le 16 novembre. A ce titre, tous les départements métropolitains ont été placés en « risque élevé ». Quelles mesures sanitaires s'appliquent ? Dans l'Allier et le Puy-de-Dôme, les services de la préfecture nous ont détaillé les règles de biosécurité mises en place :

  • claustration ou protection des élevages de volailles par un filet avec réduction des parcours extérieurs pour les animaux. Ces mesures s’appliquent à tout détenteur de volailles, y compris aux basses-cours ;
  • interdiction de rassemblements d’oiseaux (type concours, foires ou expositions) ;
  • interdiction de faire participer des oiseaux à des rassemblements organisés dans le reste du territoire ;
  • interdiction des transports et lâchers de gibiers à plumes ; interdiction d’utilisation d’appelants.
Le ministère de l’agriculture a demandé à ce que les animaleries qui vendent des volailles de basse-cour soient référencées et que celles qui en détiennent soient contrôlées : « Par chance, à cette période de l’année, il ne se vend pas trop de volailles dans ces structures. Il n’y en a que 3 dans l’Allier qui en ont encore. Deux ont déjà été inspectées », précise Vincent Spony, chef du service de la santé et de la protection des animaux et de l’environnement, à la Direction Départementale de la cohésion Sociale et de la Protection des Populations (DDPP) de l’Allier. Dans ces animaleries, on contrôle la traçabilité : « Comme les deux foyers identifiés en France sont dans des animaleries, on s’interroge sur l’origine des volailles et le fait qu’il puisse y avoir d’autres foyers de contamination liés à cette origine », ajoute Vincent Spony. La contamination peut également venir d’animaux extérieurs ou des aliments utilisés. Sont également contrôlées les conditions de détention et le respect de la claustration des volailles et des autres mesures sanitaires.

L’objectif est d’isoler les volailles des oiseaux sauvages qui peuvent être source de contamination. « Il faut rappeler qu’il y a des conséquences économiques internationales, c’est-à-dire que la France doit déclarer les cas à l’Union Européenne et à l’OIE, l’Organisation Mondiale de la Santé Animale. La France va perdre un certain nombre de marchés internationaux, on ne peut plus exporter les animaux vivants et parfois même la viande. Il faut donc à tout prix éviter la propagation », alerte Bertrand Toulouse, directeur de la DDPP du Puy-de-Dôme.

Des inspections annuelles poussées

Les élevages professionnels sont contrôlés annuellement via une grille d’inspection qui porte sur les structures, les flux d’animaux, les aliments, la gestion des litières, des cadavres, la circulation des personnes et la formation des éleveurs. « Ce sont des inspections qui se font souvent en fin d’année, elles vont donc, dans ce contexte, porter en plus sur le respect des mesures de prévention », explique Vincent Spony. Les éleveurs peuvent néanmoins déroger à ce confinement de leurs animaux, sous certaines conditions et suite à la visite d’un vétérinaire sanitaire, qui sont des vétérinaires agréés par la préfecture. Les élevages bio, pour qui avoir un parcours en plein-air fait partie du cahier des charges, peuvent maintenir leur parcours extérieur en sollicitant leur vétérinaire sanitaire. « Le vétérinaire va émettre un avis sur leur dossier puis la DDPP va instruire le dossier et accorder ou non la dérogation. Aujourd’hui, on a reçu 7 demandes de dérogation. On a émis 4 avis favorables, un avis défavorable et 2 avis favorables avec mesures complémentaires », raconte Bertrand Toulouse. Les agents se rendent également sur le terrain pour évaluer les situations au cas par cas.

Les maires informés

Pour les basses-cours, chez les particuliers, l’information a été diffusée par courrier à tous les maires des différentes communes de l’Allier et du Puy-de-Dôme. « Les maires sont chargés de la sécurité et de la salubrité, donc il y a un aspect de prévention de la transmission des maladies », affirme Bertrand Toulouse. Une surveillance quotidienne doit être réalisée par les propriétaires. « Les forces de l’ordre sont informées de ces obligations et vont nous permettre d’identifier d’éventuels réfractaires, puis le cas échéant de décider de suites administratives ou pénales », précise Vincent Spony. Depuis 2004, tous les ans, la préfecture de l’Allier effectue d’elle-même une campagne « IA » (Influenza Aviaire) : les services de la DDPP se rendent dans les élevages et prélèvent les animaux. « Cela concerne essentiellement les filières les plus exposées que sont les volailles en plein-air, à durée de vie longue, et les élevages de gibiers, de canards ou de faisans. On réalise des prises de sang ou des prélèvements par écouvillons », décrit Vincent Spony. Dans l’Allier, depuis 2004, aucun cas d’influenza aviaire n’a été détecté.

Pour l'heure, pas de mesures particulières liées au COVID 19

Le virus H5N8 provoque une mortalité importante dans les élevages, de l’ordre de 90% dans les jours qui suivent l’infection. En cas de décès importants et inexpliqués ou une baisse de ponte au sein de l’élevage ou de la basse-cour, le propriétaire est tenu d’en référer à son vétérinaire sanitaire ou directement aux services de la préfecture. « Souvent, les premiers signes observés sont des mortalités massives. Il y a des seuils qui sont fixés : 4% en un jour », selon Bertrand Toulouse. Dans ce cas, des tests sont réalisés. Si elles sont positives au virus, les volailles sont euthanasiées, et les élevages dans un rayon d’une dizaine de kilomètres sont testés. Pour l’heure, pas de mesure particulière liée au COVID 19, malgré des mutations constatées qui le rendent transmissible entre l’homme et certains animaux comme le vison, car les volailles n’en feraient pas partie : « Les coronavirus chez les volailles sont très spécifiques, on peut citer la bronchite infectieuse chez les poulets. Il s’avère que les coronavirus des oiseaux sont des Gama coronavirus et que le COVID est un Beta coronavirus. Ils n’ont pas grand-chose à voir avec les virus qui touchent les humains », rappelle Vincent Spony.

Des sanctions en cas de non-respect des règles de biosécurité

La DDPP est habilitée à dresser des procès-verbaux aux élevages qui ne respecteraient pas les mesures sanitaires. « Si on constate que les mesures de biosécurité ne sont pas respectées, la première phase est une phase de mise en demeure avec un délai de mise en conformité. En cas de non-respect de cette mise en demeure, on rentre dans une phase pénale avec des infractions au code rural, et des contraventions de 4ème classe. Si l’exploitant constate un risque de maladie réglementée et qu’il ne le déclare pas, on monte encore en niveau d’infraction. S’il met en vente un animal suspecté d’être atteint d’une maladie réglementée, c’est un délit avec une peine d’emprisonnement de 6 mois », détaille Vincent Spony. Les élevages professionnels peuvent également suspendre l’activité en cas de non-respect de ces règles de biosécurité. Certains virus responsables de l’influenza aviaire peuvent se transmettre à l’homme par aérosol, les personnes qui manipulent les volailles peuvent donc être contaminées, mais la souche H5N8 est une forme du virus considérée comme « peu ou pas zoonotique », c’est-à-dire qu’elle n’est pas contaminante pour l’homme. Par ailleurs, les volailles achetées dans le commerce font l’objet de contrôles ante mortem et post mortem lors de leur passage à l’abattoir : « Il n’est pas concevable de trouver des animaux malades dans l’assiette des consommateurs », rassure Vincent Spony.
 
Eviter la contamination dans son poulailler
Pour les particuliers, voici comment limiter les risques de contamination dans votre basse-cour :
  • protéger votre stock d'aliments des oiseaux sauvages, ainsi que l'accès à l'approvisionnement en aliments et en eau de boisson de vos volailles ;
  • éviter tout contact direct entre les volailles de votre basse-cour et des oiseaux sauvages ou d'autres volailles d'un élevage professionnel ;
  • ne pas vous rendre dans un autre élevage de volailles sans précaution particulière ;
  • protéger et entreposer la litière neuve à l’abri de l’humidité et de toute contamination sans contact possible avec des cadavres. Si les fientes et fumiers sont compostés à proximité de la basse-cour, ils ne doivent pas être transportés en dehors de l’exploitation avant une période de stockage de 2 mois. Au-delà de cette période, l’épandage est possible ;
  • réaliser un nettoyage régulier des bâtiments et du matériel utilisé pour votre basse-cour et ne jamais utiliser d’eaux de surface : eaux de mare, de ruisseau, de pluie collectée… pour le nettoyage de votre élevage.
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