Les professionnels du canard gras ont appelé vendredi 2 décembre 2016 tous les acteurs de la filière à une "vigilance accrue" après la découverte d'un foyer de grippe aviaire dans le Sud-Ouest et d'un cas en Haute-Savoie.
Le président du Comité Interprofessionnel des Palmipèdes à Foie Gras (Cifog), Christophe Barrailh, se "félicite de l'efficacité du dispositif mis en place par les pouvoirs publics qui a permis une détection immédiate" des tous premiers cas de grippe H5N8. "Mais nous devons rester très vigilants, et au plus près des élevages, car notre objectif maintenant est d'éteindre les premières braises pour éviter la propagation de l'incendie", a-t-il déclaré à l'AFP.
Il regrette toutefois que les nouveaux foyers découverts dans le Pas-de-Calais et le Tarn "repoussent, du coup, encore de trois mois le calendrier de reconquête du statut de pays +indemne+ (d'influenza aviaire)", délivré par l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et qui aurait dû intervenir ce samedi 3 décembre.
Or ce statut, perdu par la France il y a un an après un précédent épisode de grippe aviaire sans lien avec ces nouveaux cas, est indispensable pour pouvoir exporter volailles et foie gras dans de nombreux pays hors d'Europe, comme le Japon.
Les exportations vers le Japon, premier client de la filière française du "canard gras" hors Union européenne (UE), ont généré en 2015 environ 17 millions d'euros, a précisé M. Barrailh. Tous marchés étrangers confondus, "en 2015, nous avions un solde positif global de 60 millions d'euros, qui devrait être réduit à zéro en 2016", a-t-il ajouté.
"Il faut à tout prix que les éleveurs redoublent de vigilance" pour éviter toute contamination, "car s'il y a un maillon faible, c'est toute la chaîne qui casse", a renchéri Dominique Graciet, président de la Chambre régionale d'Agriculture de la Nouvelle Aquitaine et de l'entreprise agroalimentaire Delpeyrat, l'un des principaux producteurs de foie gras français.
"On s'attendait à des foyers ponctuels liés aux migrations d'oiseaux, mais ça n'a rien à voir avec l'infection généralisée de l'an dernier", a relativisé M. Graciet, lui-même éleveur de canards gras qui avait directement été affecté par la précédente épizootie.
Regrettant, lui aussi, "le report de la réouverture des frontières aux exportations", il a rappelé que ce virus H5N8 n'est "pas transmissible à l'homme".
"Ca reste un problème de santé animale et les produits sont sains", a-t-il insisté.