Face à la nouvelle hausse des prix du carburant annoncé par le gouvernement lundi 17 septembre, les gérants des stations-services dans les zones rurales du Puy-de-Dôme, de l'Allier ou du Cantal, font face à la colère grandissante des consommateurs et tentent de garder la tête hors de l'eau.
Les taxes sur les carburants vont encore augmenter en 2019, comme l'avait annoncé Elisabeth Borne, ministre des Transports, lundi 17 septembre. Celles du diesel augmenteront de 7 centimes d'euros, quand celles sur l'essence progresseront de 4 centimes d'euros.
Les gérants des stations-services situées dans les zones rurales, en Auvergne, doivent eux aussi s'adapter à ces augmentations, et font face au mécontentement grandissant de leurs clients, qui sont les plus impactés par la hausse des prix. "Nous tentons de leur expliquer que ce n'est pas de notre faute, raconte Frédéric Michaud, gérant de la station Esso à Dompierre-sur-Besbre, dans l'Allier. "Comme nous, ils subissent les augmentations du carburant." Pour ne pas perdre d'argent, le gérant doit, lui aussi, augmenter les tarifs. Jeudi 20 septembre, dans sa station, les prix affichés étaient de 1,598 € pour le gazole, 1,699 € pour l'essence sans plomb 95 et 1,725 € pour le sang plomb 98.
Néanmoins, il affirme que son chiffre d'affaires n'est pas impacté. "Nous avons aussi la gestion du garage. Grâce à cette activité, nous équilibrons nos recettes."
Ça commence à peser dans le portefeuille des ménages
Pour d'autres, la situation est plus inquiétante. Laurent Jouve, gérant de la station Esso à Riom-ès-Montagne (Cantal), voit ses clients se tourner de plus en plus vers les supermarchés voisins pour faire le plein, car la grande distribution propose des prix plus attractifs. Dans la station de Mr Jouve, les prix affichés étaient ce jour-là de 1,580 €/l pour le gazole et 1,480 €/l pour le sans plomb 98.
"L'augmentation du carburant et des taxes impactent fortement les petites stations des zones rurales comme la nôtre. Ça commence à peser dans le portefeuille des ménages, les gens sont en colère. Je vois mes clients qui partent pour aller au Carrefour d'en face. Je dois réduire mes marges...C'est une situation compliquée " déplore-t-il.
Il faut pourtant composer avec la hausse des prix pour circuler. "Les gens baissent les bras, ils sont de plus en plus blasés… Les consommateurs n'ont rien pour se défendre" déplore Barbara Gaurel, gérante de la station Total à Nébouzat, dans le Puy-de-Dôme, où le gazole se vendait 1,607 €/l et le sans plomb 95 1,639 €/l. "Il faudrait une révolte générale pour changer les choses."
Le carburant de la France parmi les plus taxés au monde
Selon Flavien Neuvy, économiste et directeur de l'observatoire Cetelem Automobile, la hausse des taxes est prévue à l'avance, et les prix n'ont pas fini d'augmenter. Selon l'économiste, ce sont surtout les transporteurs routiers et maritimes, mais également les taxis, qui peuvent faire entendre leur voix, comme lors de la dernière grande hausse des taxes en 2012. "C'est un climat de tension. Les consommateurs pourraient à nouveau manifester leur colère devant les prix qui ne cessent d'augmenter. Malgré tout, l'automobiliste continuera à prendre sa voiture pour se rendre au travail, peu importe le prix."
Le pouvoir d'achat des ménages est aussi fortement impacté par ces hausses de prix. "Le carburant de la France est l'un des plus taxés au monde, souligne Flavien Neuvy. "L'augmentation de la fiscalité sur la taxe carbone alourdit encore le prix de l'essence."
Le Premier ministre Edouard Philippe, quant à lui, à affirmé jeudi 20 septembre, que des mesures étaient déjà mises en oeuvre pour les consommateurs, évoquant le "chèque énergie" et la "prime à la conversion", octroyée aux personnes qui échangent un véhicule polluant contre un véhicule moins nocif pour l'environnement.