Dans un entretien au journal l’Equipe, publié mardi 16 janvier, le Brivadois Romain Bardet doute que Chris "Froome puisse être blanchi" du contrôle antidopage "anormal" dont le Britannique, vainqueur du Tour et de la Vuelta l'an passé, doit se justifier.
Le cycliste auvergnat Romain Bardet, l'un des candidats au podium du Tour de France, doute que Chris "Froome puisse être blanchi" du contrôle antidopage "anormal" dont le Britannique, vainqueur du Tour et de la Vuelta l'an passé, doit se justifier.
"Je veux bien croire à la bonne foi de Chris Froome, mais quand le seuil est dépassé, les règlements prévoient une sanction. On ne peut plus se permettre de permissivité", estime le Français dans un entretien publié mardi 16 janvier par le quotidien L'Equipe.
On marche sur la tête
Le coureur de l'équipe AG2R La Mondiale regrette surtout le long processus par rapport au contrôle datant de la Vuelta: "Froome passe le test en septembre et, au petit bonheur la chance, on l'apprend en décembre. La saison démarre sans qu'aucune décision n'ait été prise. On est ridicule, on est la risée. On marche sur la tête."
"Je suis stupéfait que, sans une fuite dans la presse, on aurait passé sous silence ce contrôle et qu'on l'aurait peut-être appris dans quelques années. Je suis soulagé qu'on n'ait pas lavé le linge sale en famille. On manque de transparence. Le vélo risque de mourir si des mesures ne sont pas prises dans ce sens", estime Bardet.
Le Français, 2e du Tour 2016 et 3e en 2017, regrette que Froome puisse courir comme si de rien n'était dans l'attente d'une décision sur l'excès de salbutamol (Ventoline), deux fois au-delà du seuil autorisé, trouvé dans les analyses du Britannique.
"J'espère une enquête indépendante devant laquelle Froome rendra des comptes, pour faire toute la lumière, et un verdict indépendant, ajoute Bardet. Je regrette que les règlements ne prévoient pas une mise à l'écart provisoire de la compétition en attendant le résultat. La Fédération est prudente car, en cas de relaxe, on lui demanderait des indemnités pour réparer un préjudice. La pression financière est très forte. Face au team Sky, ça fait réfléchir".
"Est-ce que l'UCI aura les moyens de faire toute la lumière sur cette histoire ? Les experts pourront-ils établir s'il est possible naturellement de présenter ce taux élevé ?", s'interroge Bardet. "On connaît la puissance de Sky en termes de budget, de compétences. C'est là l'enjeu. On est sur une friche scientifique", souligne-t-il.
Le Français, qui rend aussi hommage à son rival ("quelqu'un de très courtois, qui montre de la bienséance, il est très respectueux"), ajoute cependant: "Je vois mal comment Froome peut courir en faisant comme si de rien n'était... Puisque le team Sky ne bouge pas, rien n'empêche son coureur de prendre lui-même la décision de se mettre en retrait dans l'attente d'une décision des autorités."