Il a enflammé le public français dans la montée de l'Alpe d'Huez jeudi 19 juillet, l’Auvergnat Romain Bardet a joué son va-tout dans la 12e étape et a poursuivi sa remontée au classement du Tour de France, à défaut de victoire.
Dans un sourire un peu las après en avoir terminé avec les 175,5 kilomètres de l'étape-reine des Alpes, Bardet a expliqué sa tactique: "J'ai joué mon va-tout de loin, j'ai tout tenté avant le sprint.".
Le Français a attaqué une première fois à... 7 kilomètres du sommet, en contrant l'Espagnol Mikel Landa. Maillot grand ouvert sur le torse, il a poursuivi son effort, une centaine de mètres devant le groupe des favoris mené par le grand espoir colombien Egan Bernal, travaillant pour ses leaders de l'équipe Sky. Jusqu'au retour implacable de Chris Froome à 4 kilomètres de l'arrivée.
"J'avais de bonnes jambes, ça allait encore mieux qu'hier (mercredi)", s'est réjoui la meilleure chance française dans ce Tour. "J'ai voulu attaquer pour tester les adversaires. Mais il restait trois Sky et on sait l'importance de l'aspiration dans le cyclisme."
Après Froome, le Gallois Geraint Thomas et le Néerlandais Tom Dumoulin sont rentrés sur la tête de la course. Le quatuor s'est alors observé, à la façon de sprinteurs attachés à ne pas se faire surprendre. Et les démarrages se sont succédé, deux à l'actif du Français, avant que Landa revienne à son tour.
C'est une bonne étape quand même, j'ai pu m'exprimer à vélo
"Je ne pensais pas qu'on arriverait groupé pour la gagne", a reconnu Bardet, qui a souligné la difficulté de concilier plusieurs objectifs, victoire d'étape et classement général. Ce n'est que dans les trois derniers kilomètres que le grimpeur de la Haute-Loire, déjà vainqueur de trois étapes du Tour, s'est axé sur le succès de prestige à l'Alpe d'Huez. Quitte à ne pas creuser d'écarts supplémentaires sur ses rivaux pour un possible podium à Paris.
Troisième sur la ligne d'arrivée, Bardet est remonté de deux échelons au classement du Tour. Après les Alpes, il occupe la 6e place, à 1 min 17 sec de la troisième place de Tom Dumoulin.
"C'est une bonne étape quand même, j'ai pu m'exprimer à vélo", a souri le leader de l'équipe AG2R La Mondiale, un chef sans beaucoup de troupes. En cours d'étape, Tony Gallopin, malade, a dû abandonner, après deux autres de ses coéquipiers, Axel Domont et Alexis Vuillermoz (chutes).
"On n'est plus que cinq et on ne va pas pouvoir faire de grandes manoeuvres comme on a pu faire par le passé", a reconnu Bardet. "Mais on va se serrer les coudes, on va se battre avec notre coeur".
A l'exemple du Belge Oliver Naesen, qui lui avait sauvé la mise l'an passé dans une étape propice aux cassures dans la vallée du Rhône. Vendredi, le Tour revient sur un site comparable pour rejoindre Valence. Si le vent souffle de côté, Naesen sera encore précieux.