Face à la toute-puissance de l'équipe Sky, l’Auvergnat Romain Bardet a expliqué, lundi 23 juillet, qu'il devait "calculer" ses efforts s'il voulait renverser la situation dans les Pyrénées et garder ses ambitions dans la dernière semaine du Tour de France.
Dans la dernière semaine du Tour, L’Auvergnat Romain Bardet sait qu’il devra être réactif s’il veut atteindre son objectif. Lundi 23 juillet, en ce jour de repos, le chef de file de l’équipe AG2R est conscient qu’il devra « calculer » ses efforts.
Question : Avez-vous revu vos objectifs ?
Romain Bardet : "Non, dans le sens où l'objectif a toujours été le même, faire du mieux possible. La course décidera de quelle place il s'agit."
Q : Mais le contexte a changé...
Romain Bardet : "Bien sûr mais je ne connais pas un Tour de France qui se déroule comme on l'envisage. Il faut être réactif, s'adapter aux circonstances. Les grands Tours se jouent toujours en troisième semaine. C'est là que je suis le plus ambitieux."
Q : L'équipe Sky est-elle affaiblie par l'expulsion de Moscon ?
Romain Bardet : "Ca ne les renforce pas. De là à dire que ça change quelque chose... Ils ont l'air tellement forts qu'ils vont s'en accommoder."
Q : Sentez-vous de l'ambition chez les autres prétendants ?
Romain Bardet : "Tom Dumoulin veut gagner le Tour, c'est un grand compétiteur, un immense talent. S'il arrive au dernier chrono dans le même temps que Thomas et Froome, il peut les battre. Je vois mal aussi Movistar rester comme ça, je pense que Dan Martin n'est pas satisfait d'être là, beaucoup de monde a envie de bouger. Simplement la Sky est très forte. Il y aura peut-être une opportunité sur le Tour, il faudra la saisir."
Q : Quelle sera l'étape-clé ?
Romain Bardet : "Celle de 65 kilomètres va réduire la dimension collective des équipes et, du coup, elle devrait permettre aux leaders de se dévoiler sans être muselé par des coéquipiers. Si ça part en feu d'artifice d'entrée... Le col du Portet est très exigeant, très long. C'est l'étape où il devrait y avoir le plus d'écart. Une grosse partie de la hiérarchie sera faite mercredi soir."
Q : A quoi vous attendez-vous de la part de Sky ?
Romain Bardet : "Je ne sais pas leur hiérarchie interne. Je pense que Froome veut vraiment gagner le Tour. Thomas et lui vont faire la lutte à la pédale sur cette étape-là et le contre-la-montre."
Q : Votre équipe vise-t-elle aussi le maillot blanc pour Pierre Latour ?
Romain Bardet : "Le maillot blanc viendra de lui-même. J'ai besoin de Pierre en montagne, dans les derniers moments. Il sera décisif à ce moment-là. Il n'y a aucune incompatibilité avec le maillot blanc qui est un vrai objectif pour lui."
Q : Vous raccrochez-vous à l'hypothèse que Froome et Dumoulin payent la fatigue de doubler Giro et Tour ?
Romain Bardet : "Je ne le prends pas vraiment en compte. C'est une possibilité qui existe pour chacun d'entre nous. Le Tour est éprouvant, c'est humain d'avoir des journées un peu moins bien. Pour l'instant, ils n'ont montré aucun signe de faiblesse."
Q : Etes-vous encore optimiste ?
Romain Bardet : "J'ai encore envie. Je ne veux pas rentrer chez moi et avoir des regrets pendant un an. Ce n'est pas par manque d'envie qu'on ne passe pas à l'attaque, c'est par réalisme mais, avec la fatigue en troisième semaine, d'autres scénarios peuvent arriver."
Q : Les quatre premiers du Tour sont les meilleurs rouleurs. Une alliance des grimpeurs est-elle envisageable ?
Romain Bardet : "C'est possible. Quintana est comme moi, il sait qu'il doit faire péter les rouleurs."
Q : Une attaque de loin, façon Kruijswijk à l'Alpe d'Huez ?
Romain Bardet : "Mais j'ai la corde au cou, je ne peux pas partir comme ça. Je suis à trois minutes au général et j'ai l'impression d'être à 10 secondes. Je dois calculer mes efforts. J'ai un réservoir d'énergie qui n'est pas inépuisable. Il faut que le coût énergétique soit intéressant par rapport aux gains que je pourrais avoir. La situation d'ouverture ne s'est pas encore présentée pour moi."