Une nouvelle mobilisation a réuni quelques centaines de manifestants contre le projet de déviation de la RN 88 en Haute-Loire, le week-end du 8 mai. Au menu, semis, ateliers et achat de brebis.
Ce long week-end a été l’occasion pour le collectif Lutte des Sucs de mener une nouvelle action contre le projet routier RN 88 en Haute-Loire. Le week-end du 8 mai, avec de nombreuses associations et syndicats, les manifestants ont organisé la préparation d'un terrain situé sur le tracé de la future route. Un terrain de 5 000 m² où les militants ont semé du tournesol. “Ensuite, il y avait des ateliers pour enfants, un troc de graines, un atelier déguisement, un atelier bombe à graines...” explique Renaud Daumas, membre du collectif Lutte des Sucs. Des associations comme SOS Loire vivante, France Nature Environnement, les Usagers des transports d'Auvergne, mais aussi des syndicats comme la Confédération paysanne, Solidaires et FSU ont participé.
Un troupeau de brebis
Les militants ont également organisé l'achat de brebis. “L'idée c'est qu'il y a un troupeau de brebis qui sera gardé par un berger tout l'été sur le tracé. Une petite partie est arrivée hier, je crois qu’il y en avait une douzaine. Les chèques de soutien pour acheter des brebis continuent à affluer. L'idée, c'est, à terme, d'avoir un petit troupeau pour naviguer tout l'été, à la fois sur les terrains qui sont la propriété maintenant de l'État, mais aussi pour rendre service à des à des riverains qui voudraient profiter de cette tonte gratuite dans leur jardin, dans leur terrain. On veut continuer à montrer que ce sont 80 hectares agricoles qui seront englouties par ce projet”, explique Renaud Daumas.
Préserver des terres agricoles
Des terres agricoles dont la France a “excessivement besoin” selon lui, en raison “ à la fois du réchauffement climatique, à la fois de la guerre en Ukraine, des sécheresses qui s'accumulent...” Il martèle : “Chaque hectare de terre est précieux pour pouvoir nourrir l'humanité. Là, 80 hectares qui s'engouffrent sous un grand projet inutile, c'est dommage. On montre qu’il y a encore possibilité d'avoir une activité paysanne sur ce secteur."
Améliorer les services publics
Il se félicite d’une convergence des luttes sociales et environnementales. "Cette lutte, c'est aussi pour plus de services à la population. En Haute-Loire, on est tous dépendants de la voiture, on n'a pas d'offre alternative à la voiture. Un calcul a été fait par l'Association des Usagers des transports d'Auvergne qui démontrent qu'avec moitié moins de ce qui est dépensé pour la route, on peut offrir un service de bus cadencé, des bus toutes les heures, entre Monistrol et Le Puy. On peut offrir une nouvelle capacité de train entre Saint-Étienne et Le Puy, en insérant un train rapide qui serait en compétition avec la voiture.” Selon Renaud Daumas, grâce à un trajet en 1 heure entre Le Puy et Saint-Étienne, et en rétablissant un direct Le Puy-Lyon, “on est complètement concurrentiel avec la voiture”.
Trouver des alternatives à la voiture
Il dénonce également le nombre de projets routiers en France et les sommes allouées à ces projets : “Qu'est-ce qu'on pourrait faire de cet argent s’il n’était pas utilisé dans ces projets, notamment là en Haute-Loire, pour un vieux rêve des années 80 qui veut faire de la RN 88 une autoroute a camions pour désengorger l'A7 ? Quelles seraient les retombées économiques par rapport à toutes les nuisances ? On est dans un combat qui est plus large que la pure protection de la biodiversité et de la nature, qui réunit beaucoup de structures pour le bien commun, l'intérêt général, le service public.” Dimanche 7 mai, la mobilisation a réuni entre 300 et 400 personnes.