Projet de ligne à 400 000 volts : six militants s'accrochent dans les arbres, la première action de désobéissance citoyenne

La mobilisation grandit contre le projet de ligne à très haute tension reliant la France et l'Espagne. Depuis la nuit du 26 au 27 décembre 2024, six militants sont perchés dans des arbres face à la mairie de Capbreton, dans les Landes, afin de dénoncer le projet porté par RTE.

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Face à la mairie de Capbreton, dans les Landes, ils sont six grimpeuses et grimpeurs à s'être installés depuis la nuit dernière. Avec leurs tentes suspendues, ces militants dénoncent le projet de lignes à très haute tension porté par l'entreprise RTE. "RTE saccage tout. L'État s'incline. Mobilisons-nous ensemble", peut-on lire sur la banderole qu'ils ont déployée.

Signée par le Collectif des grimpeurs et grimpeuses d'Aquitaine - Attac Aquitaine, XR (Extinction Rebellion) Landes, Soulèvement de la Terre Aquitaine, Collectif StopTHT et une coalition de 40 entités commerciales ou associatives, une lettre ouverte adressée au Premier ministre François Bayrou demande un "moratoire immédiat" sur le projet.

L'inquiétude pour la biodiversité et les populations

Au petit matin, les habitants de Capbreton ont découvert avec surprise la présence de six militants dans les arbres situés face à leur mairie. Une étape supplémentaire dans la mobilisation contre le projet de lignes à 400 000 volts enfouies sous terre pour relier la Gironde à Bilbao, en Espagne. "On sent une véritable convergence des luttes à l'encontre de ce projet", témoigne Sophie, membre du collectif StopTHT et habitante de Capbreton.

Car malgré les nombreux recours portés par les associations et collectif de défense de l'environnement et d'habitants, le projet continue. "Personne ne nous a mis autour de la table, dénonce Sophie qui évoque bien un comité de suivi auquel personne n'a pu prendre la parole. Nous ne sommes pas forcément contre le projet, mais on voudrait que ça se fasse sans détruire notre territoire." Les opposants au projet dénoncent un tracé "écocidaire" et rappellent que le Conseil national de la protection et de la nature a émis un avis défavorable.

Car le projet de RTE est pharaonique. Au départ de Cubnezais, en Gironde, des lignes de 400 000 volts doivent être enfouies sous terre afin de relier Gatika, à côté de Bilbao. "C'est la puissance de plusieurs centrales nucléaires qui va passer sous nos pieds !", alertait déjà en 2022, Bernard Pentiaux, ingénieur EDF récemment retraité et membre du collectif StopTHT. Le projet doit passer par la mer, mais aussi la terre, dans le but de contourner notamment le gouf de Capbreton. Ainsi, dans les Landes, cinq communes sont concernées : Seignosse, Soorts-Hossegor, Angresse, Benesse-Maremne et Capbreton.

Une colère qui monte

"Pour l'environnement, c'est catastrophique. Cela menace 17 espèces protégées", assure Sophie du collectif StopTHT. Mais malgré les contestations, l'entreprise RTE et la préfecture des Landes persistent. "Si des maires s'y sont opposés, la préfecture a déclaré le projet d'utilité publique, donc ils s'y sont pliés", retrace la militante. Les travaux ont démarré en octobre 2023. En août dernier, le tribunal de Bayonne suspend les travaux de manière provisoire, car le chantier ne permet pas de protéger la biodiversité marine.

On ne veut pas servir de cobayes !

Sophie, membre du collectif StopTHT et habitante de Capbreton

Mais le chantier reprend quelques semaines plus tard. "La population a le sentiment de ne pas être entendue et commence à être très en colère", observe Sophie du collectif StopTHT. En conséquence, la mobilisation se fait de plus en plus importante et des actions de désobéissance civile commencent à voir le jour. "Il y a beaucoup d'associations qui nous rejoignent", apprécie-t-elle. Ensemble, ils demandent un moratoire "immédiat" sur le projet de lignes souterraines porté par RTE. 

Les collectifs et associations mobilisées souhaitent que le projet soit concentré autour de l'autoroute, plutôt que de détruire des nouveaux espaces de biodiversité. "Cela nous semble être du bon sens, mais on nous envoie bouler, regrette la membre de StopTHT et habitante de Capbreton. Notre hypothèse, c'est qu'ils veulent que ce soit une vitrine de leurs prouesses technologiques pour acquérir des marchés à l'international. Mais on ne veut pas servir de cobaye."

Face à la mairie de Capbreton, les grimpeurs indiquent qu'ils resteront perchés autant que possible. Devant les arbres, un rassemblement est prévu à partir de 18 h 30 ce 27 décembre 2024. À Capbreton, l'action est symbole d'une mobilisation qui grandit.

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