Lundi 23 mai, le tribunal administratif de Clermont-Ferrand a ordonné l’arrêt d’une antenne 4G en Haute-Loire, soupçonnée de rendre malade un troupeau de vaches à proximité. L’antenne sera désactivée pour 2 mois, afin de constater l’effet sur les bovins.
C’est une victoire pour Frédéric Salgues, agriculteur à Mazeyrat-d’Allier en Haute-Loire. Ce lundi 23 mai, le tribunal administratif a décidé de l’arrêt pour 2 mois d’une antenne 4G à proximité de son élevage. L'agriculteur soupçonne cette antenne de rendre ses vaches malades et pour lui, cet arrêt temporaire est un soulagement : “ Aujourd'hui, on est soulagé, enfin ce n'est pas fini, mais on est content. En fait, c'est une 2ème victoire, après l'expert judiciaire. On a beau mandater les experts qu'on veut, c'est un phénomène qui n’est pas connu, que personne n'arrive à mesurer. Avec l’arrêt de l’antenne, le comportement des bêtes va changer”, assure Frédéric Salgues.
Un délai de 3 mois
La société Orange a donc 3 mois pour désactiver temporairement cette antenne, un délai que ne comprend pas Frédéric Salgues : “Vendredi, j'ai dit au tribunal que j’étais abasourdi car, depuis 11 mois que ça dure, je n'arrive pas à comprendre que ça va durer encore. L’arrêt est effectif dans un délai de 3 mois. On ne sait même pas quand ils vont l'arrêter. On préférerait qu’il y ait des dates. Je comprends qu’on ne puisse pas prendre la décision aujourd’hui et arrêter l’antenne demain mais on nous fait miroiter que c’est pour appeler les secours. Avant, il n’y avait pas d'antenne relai, et ce n'est pas pour ça qu'il y avait des morts. Qu'ils arrêtent avec ce prétexte.” En effet, les pertes financières sont croissantes pour l’éleveur : “La paye de ce mois-ci, il y a 17 000€ d'écart par rapport au mois dernier. Les vaches étaient à 35 kilos. On n’a jamais vu ça.”
Une production laitière en baisse
Depuis juillet 2021, date de l'installation d’une antenne 4G à environ 200 mètres de son exploitation, cet agriculteur explique vivre un véritable enfer. Sa production de lait avait baissé de moitié, comme il l‘expliquait en septembre dernier : « En juin, on était à 4 200 litres environ, 3 000 en juillet puis 2 500 en août. On a ensuite fait venir un radiesthésiste, ça allait mieux, les vaches mangeaient de nouveau, puis en septembre, c’est reparti. Sur le taux protéique, on a perdu 3 ou 4 points donc on perd la prime. Il y a moins de litres et on est moins bien rémunérés dessus. On était dans les 25 litres par vache, on est passé à 14 litres, on mettait autant de temps pour traire, c’est un marqueur de stress. Le moral en prend un coup.»
"Avec mon frère on envisage de tout arrêter"
Frédéric Salgues a un cheptel d'environ 200 vaches dont une centaine de laitières et depuis la mise en service de l'antenne à côté de son bâtiment, il ne reconnaît plus ses bêtes, disait-il alors : « C’est de pire en pire. Nos bêtes étaient vraiment en forme et on a constaté un amaigrissement, des boiteries, des yeux qui coulent insoignables, des poils piqués… Elles se tenaient toujours au fond du bâtiment. Moi, je ne suis pas contre les antennes pourtant, mais il faut que nous, on puisse vivre. On n’a jamais vu ça comme comportement, normalement les vaches se couchent le long du mur, là, elles se couchent à l’opposé de l’antenne. On a mis les vaches en 2008, on n’a jamais vu ça. Mon fils devait reprendre l’exploitation mais si ça ne s’arrange pas, on ne pourra pas continuer. Avec mon frère on envisage de tout arrêter. Je pense que c’est ce qui va se passer, on n’aura pas le choix. » Et ce comportement étrange ne s’arrêtait pas là : « Elles ne boivent plus. On ne les reconnaissait même pas. Elles étaient amorphes, c’était des zombies. On aurait dit qu’elles marchaient sur des œufs, elles se déplaçaient comme des robots. Les queues ne bougeaient plus. C’est abominable ».
Pour Orange, la suspension du fonctionnement des antennes relais “n’apparaît pas urgente et elle portera atteinte à un intérêt public reconnu et non contestable”. En effet, leur avocat Me Gentilhomme indique que la couverture réseau du territoire sera dégradée.