Ils sont des millions d'hommes à être tombés durant la Première Guerre mondiale mais pas Antoine Rey. Ce poilu de Beauzac, en Haute-Loire, a survécu, peut-être grâce à l'amour qu'il portait à sa bien-aimée. Son petit-fils vient de retrouver leurs échanges épistolaires.
Il y a toujours une vive émotion lors de la cérémonie de l'Armistice, mais peut-être encore plus pour Bruno cette année. Ce 11 novembre 2024, un extrait d’une lettre a été lu à Yssingeaux, en Haute-Loire, lors des commémorations : “Ayant le grand honneur de servir ma patrie en danger, je suis fier de pouvoir lui offrir mon courage et toute l’énergie d’un cœur français”. Cette lettre, datant du 7 août 1914, est signée de la main du grand-père de Bruno : “Avant de partir où le devoir m’appelle, je lègue à ma femme bien aimée, Marie-Rose Augustine née Arnaud, tout ce que je possède à ce jour”.
Une lettre trouvée par hasard
C'est un peu par hasard que Bruno a retrouvé cette lettre il y a une quinzaine de jours. Elle est accompagnée d'une autre missive, datant cette fois de mars 1918. Son grand-père écrit : “Je t’aime. Pourquoi je t’aime ? Comment ? Demande-moi pourquoi la lune brille, pourquoi il y a des astres au firmament. Mais ne me demande pas pourquoi je t’aime. Je t’aime parce que je t’aime. Et c’est me mettre à genoux devant ce cœur, devant le tien”.
"C’est peut-être l’amour envers sa femme qui l’a fait tenir"
Parti au front à plus de 40 ans, Antoine Rey va se battre en Afrique du Nord essentiellement. Il pense sans cesse à sa femme et à sa fille. Une force qui va lui permettre d'échapper à la mort. Bruno Murgue explique : “Pendant ces quatre ans, il a peut-être eu peur de perdre la vie. C’est peut-être l’amour envers sa femme qui l’a fait tenir”.
Un petit-fils surpris
Il s'éteindra finalement à 90 ans, après avoir notamment célébré ses noces d'or. À travers ces lettres, Bruno découvre un autre visage de son grand-père : “J’ai des souvenirs d’un grand-père très autoritaire. C’est pour cela que cette lettre me surprend. Je n’ai jamais vu mon grand-père expansif ou parler d’amour, alors que dans cette lettre, son cœur est ouvert. C’est fantastique”.
Après les avoir partagées avec ses enfants et petits-enfants, Bruno envisage de confier ces lettres aux archives départementales pour qu'elles restent gravées dans la mémoire collective.