Comment promouvoir les femmes dans les exécutifs locaux ? L’Association des Maires de France s’empare de la question. Elle a installé dernièrement un groupe de travail co-présidé notamment par Cécile Gallien (LREM), maire de Vorey en Haute-Loire.
Il y a d’abord le constat. Et, en la matière, les chiffres parlent d’eux-mêmes : les femmes ne représentent que 16% des quelque 35.500 maires de France et 8% des présidents d’intercommunalités. Pour Cécile Gallien, maire de Vorey et vice-présidente de l’Association des Maires de France cela tiendrait à plusieurs raisons.
« Dans les grandes villes, les élections municipales sont très politisées. Et en France, si on ne passe pas par des lois sur la parité, on voit bien que les hommes se cooptent entre eux, c’est un système qui perdure », observe l’élue. « Il y a aussi la question de la confiance qu’ont les femmes en elles-mêmes. On s’aperçoit qu’il y a comme une autocensure quant aux responsabilités publiques ».
Faire tomber des barrières
Cécile Gallien évoque sa propre expérience. En 2008, elle se lance à la conquête de la mairie de Vorey en Haute-Loire, commune de 1.500 habitants, et constitue une liste paritaire. Un exercice pas toujours facile, selon elle.
« Quand vous allez chercher une femme, elle se pose toujours la question de savoir si elle est compétente n’ayant jamais été élue, si elle aura assez de temps et si elle pourra concilier cela avec sa vie familiale, quand elle ne demande pas l’autorisation à son mari. Les hommes ne se posent pas ce genre de question », poursuit la vice-présidente de l’AMF, qui y voit toutefois un point positif : « une conscience forte de l’engagement ».
Avant de reconnaître que la tâche n’est pas si simple pour un maire. « Etre élu local, avec 1.500 habitants, ça peut paraître peu. Mais quand on a 450 emplois sur la commune, des PME, des commerces, de l’artisanat, une grande diversité de services, il faut très souvent être présente ». Et de soulever la question du statut de l’élu local. Pour Cécile Gallien, « il faut qu’il évolue » pour permettre de diversifier les profils.
Installé le 7 mars, veille de la journée internationale des droits des femmes, le groupe de travail qu’elle co-préside à l’Association des Maires de France avec Edith Gueugneau, maire de Bourbon-Lancy en Saône-et-Loire, va faire des propositions avant la fin de l’année.
« On souhaite rédiger une proposition de loi pour la parité dans les exécutifs intercommunaux. Et dans les mairies, donner envie aux femmes de s’impliquer, de ne pas avoir peur de prendre les manettes ». Une démarche qui s’appuierait notamment sur la « diffusion de témoignages, des parrainages, des formations ».
Avec les hommes
Maire de Vorey, conseillère départementale, Cécile Gallien a aussi été candidate aux dernières élections législatives en Haute-Loire. Elle est membre du bureau exécutif de La République en Marche. A-t-elle déjà essuyé des remarques sexistes ? « Je n’y prête pas trop attention », répond-elle tout en relevant : « on a la sensation, en tant que femme-maire, de devoir travailler deux fois plus, de devoir redoubler d’efforts pour être considéré comme une personne publique ». Avant de conclure : « On ne réussira qu’avec les messieurs aussi. S’ils veulent nous aider, ils sont les bienvenus. C’est avec les hommes qu’on formera une belle représentativité politique »