La Bête du Gévaudan continue de fasciner depuis des siècles, un timbre de la poste lui est consacré depuis le 28 juin 2024. Cette passion s'explique par le mystère qui entoure cet animal qui a semé la terreur en Auvergne et en Occitanie au XVIIIe siècle.
La Bête du Gévaudan continue de faire trembler petits et grands. L'histoire de cet animal sanguinaire qui a tué en Haute-Loire, dans le Cantal et en Lozère au XVIIIe siècle, passionne encore de nos jours. La Bête s'affiche même sur nos courriers. Un timbre à son effigie a été lancé par la Poste le 28 juin 2024 et en avant-première à Saugues, village où des attaques se sont produites à l'époque.
Mais la toute première attaque répertoriée date du 30 juin 1764. La jeune Jeanne Boulet, 14 ans est retrouvée morte près de Langogne, en Lozère. Les habitants se tournent rapidement vers l'hypothèse d'un animal pour expliquer la cause de la mort de la jeune fille. D'autres attaques surviennent tout au long de l'été comme dans la vallée de l'Allier.
Engouement médiatique
L'affaire gagne en popularité grâce au relais médiatique. Le Courrier d'Avignon couvre les attaques, suivi par La Gazette de France et Le Mercure de France. Et pour cause ! Après la fin de la guerre de Sept ans en 1763, "il y avait peu de choses dans l'actualité, les journaux ont profité de cette histoire pour la monter en épingle", explique Bernard Soulier, auteur de plusieurs livres sur la bête et président de l'association Au pays de la Bête du Gévaudan.
Des battues sont organisées en 1764 par le capitaine Jean-Baptiste Duhamel sans succès. L'affaire est même relayée en dehors de la France. "Il y a des traces en Suisse, en Angleterre et même au Québec", ajoute Bernard Soulier.
Enfants combattants
Des combats entre des habitants et la bête ont contribué à souffler sur les braises de l'affaire. À l'image de Jacques Portefaix, en janvier 1765. Sept enfants sont attaqués par la bête près du village de Villaret, en Haute-Loire. L'un des enfants est emporté par l'animal et Jacques Portefaix décide d'aller secourir son compagnon plutôt que de prendre la fuite. Il convainc les autres enfants et ensemble, ils réussissent à faire lâcher l'animal et sauvent leur compagnon. "Le roi récompensera Jacques en lui payant sa scolarité", précise Bernard Soulier.
Quelques mois plus tard, en août 1765, c'est Marie-Jeanne Vallet qui combat la bête avec une baïonnette. Elle blesse l'animal au poitrail et lui fait prendre la fuite. Cet exploit est récompensé et elle reçoit le nom de la "Pucelle du Gévaudan", en référence à Jeanne D'Arc.
Première bête
L'histoire commence à faire tache pour Louis XV, il décide d'envoyer François Antoine, son porte-arquebuse. Le 20 septembre 1765, ce dernier tue un loup de grande taille. La bête est empaillée, puis envoyée à Versailles. Malheureusement, la dépouille a été détruite. "Elle a été conservée jusqu'en 1810, 1815, puis elle a été brûlée notamment parce qu’elle était très abîmée. Ils n’ont pas vu l’intérêt historique" déplore l'auteur.
Après cette prise, les attaques cessent, avant de recommencer et de s'amplifier en 1766. La chasse et l'angoisse recommencent. C'est finalement Jean Chastel, qui tuera l'animal en juin 1767. "Ce second animal est mentionné comme quelque chose qui semble être un loup mais dans des proportions uniques, en regardant la mâchoire de la bête ils sont arrivés à la conclusion que c'était un canidé", précise Bernard Soulier.
Le nombre de victimes de la Bête varie selon les experts. "J'ai confirmé 78 personnes tuées en me basant sur les documents qui nous sont parvenus", lors des recherches effectuées pour l'ouvrage Sur les traces de la bête du Gévaudan et ses victimes, explique l'auteur.
Animal mystérieux
Le mystère plane encore sur la nature de l'animal. Des théories sont multiples et parfois farfelues. Parmi lesquelles, une hyène, un tueur en série ou un complot. Bernard Soulier penche pour les hypothèses de "plusieurs loups", ou d'un "hybride entre un chien et un loup" voire une espèce de loup, aujourd'hui disparue. Là aussi, la dépouille n'est pas parvenue jusqu'à notre époque. L'animal a été sommairement empaillé avant d'être enterré quelque part à Paris, rendant impossible toute analyse ADN.
Toutes ces zones d'ombre contribuent à la pérennité de la Bête du Gévaudan. Bernard Soulier espère que des archives jusqu'alors inexplorées pourraient révéler de nouveaux détails historiques. D'ici là, pour en apprendre plus, Bernard Soulier tient une conférence samedi 29 juin à 10h30, à la Maison communautaire de Saugues et une exposition est organisée tout l'été à la Maison de la Bête, à Auvers, par l'association Au pays de la Bête du Gévaudan.