80 ans de la Libération : comment le Puy-en-Velay s'est libéré du joug allemand, le 19 août 1944

Il y a 80 ans, presque jour pour jour, la ville du Puy-en-Velay était libérée des heures sombres de l’occupation par l’armée allemande. Le 19 août 1944, des centaines de résistants ont œuvré pour la Libération. On vous raconte ce grand moment d'Histoire de cette ville auvergnate.

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“C’est un des plus sales moments de ma vie. J’ai traversé des ruines toute seule. Ils n’avaient pas ramassé les cadavres laissés sur le chemin. À 9 ans, c’était très dur”, se rappelle Yvette Aldebert. Elle a été témoin, en juin 1944, d'une fusillade de l'armée allemande dans son école de Ruynes-en-Margerides (Cantal). Dans le Cantal, comme dans beaucoup d'autres villes françaises, la Résistance locale était active depuis plusieurs mois. C'est le cas au Puy-en-Velay. 80 ans plus tôt, le 19 août 1944, la ville a été le théâtre de douloureux affrontements pour la Libération. Si la date officielle de la libération du Puy est le 19 août 1944, ce sont en fait les journées du 18 et 19 août durant lesquelles les combats ont opposé les résistants aux Allemands, en pleine retraite. 

En août 1944, les nouvelles des avancées alliées et de la libération de Paris galvanisent les résistants locaux. Les maquisards de la région, formés par des groupes de résistants ayant trouvé refuge dans les montagnes environnantes, commencent à harceler les troupes allemandes, à couper les communications, et à préparer la libération de la ville.

Des Allemands faits prisonniers 

“Dès le vendredi 18 août au matin, une première colonne motorisée légère, commandée par l’Oberleutnant Schwartz, quitte le Puy en direction de la route de Craponne, raconte Mathieu Le Verge, directeur de l'Office national des combattants et victimes de guerre de la Haute-Loire. Il s’étend sur plusieurs kilomètres avec une progression extrêmement lente et où l’on retrouve le colonel Metger dans un véhicule de tête, des membres de l’état-major de liaison, des hommes de troupe, ainsi que des miliciens et collaborateurs notoires accompagnés de leurs familles. Ce sont ces hommes qui vont se faire harceler par les maquisards de la Haute-Loire et de la Loire pendant 4 jours jusqu’à leur reddition complète à Estivareilles (Loire), le 22 août suivant”.

Dès le départ du gros de la troupe en fin d’après-midi, des agents de police sous l’autorité du commissaire de police résistant Robert Brie découvrent différents dépôts d’armes dans des locaux dépendant du commandement de l’armée allemande. Des Allemands tentent de venir les récupérer, ils sont faits prisonniers. 

Les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) engagent des combats sporadiques avec les troupes allemandes et cherchent à isoler la garnison allemande de la ville en coupant les routes d'accès. “Le premier vrai affrontement s’engage vers 20h20, précise Mathieu Le Verge. Un camion de matériel allemand en panne place du Breuil est attaqué par des policiers et des gendarmes ralliés à la Résistance. Or, malgré la mitrailleuse dont les Allemands sont armés, tous sont faits prisonniers. Un peu plus tôt dans la journée, les résistants du groupe Lafayette, soit un peu plus de 80 hommes, avaient quant à eux reçu l’ordre de quitter leur maquis de Présailles et de se diriger vers Le Puy. Vers 20h, une voiture légère transportant le commissaire Brie et trois inspecteurs de police vient à leur rencontre pour les avertir que le moment est venu d’investir le Puy”. La Libération peut alors commencer. 

Les Allemands encore présents au Puy sont rapidement encerclés dans la Caserne Romeuf par les résistants du groupe Lafayette, aidés les policiers ponots ; des gendarmes de la section du Puy.  

“Des coups de feu et des cris” 

Les combats se concentrent autour de la ville. La garnison allemande, comprenant la situation désespérée, tente de s'échapper en direction de Saint-Étienne, mais elle est en grande partie capturée ou détruite par les forces de la Résistance, aidées parfois par les habitants locaux. La lutte pour repousser l'occupant allemand s'est beaucoup faite dans la violence. Yvette Aldebert se souvient des combats dans son petit village du Cantal pour la Résistance. Elle raconte : “On a entendu des bruits de moteurs assez importants. Et ensuite des cris, suivis de coups de feu. Notre maîtresse nous a fait accroupir au fond de la classe. Les coups de feu et les cris se sont ensuite intensifiés". 

C’est ainsi, qu’après dix-huit heures de combats, vers 15h, une infirmière allemande, Else Peltz, drapeau blanc à la main, sort de la caserne et vient demander des pourparlers qui aboutissent rapidement à la reddition complète de la garnison restée au Puy en présence notamment : du capitaine "Fayolle"; du commandant Pierre Montagnon, membre de l’Organisation de la Résistance Armée et chef du Bureau de Sécurité Militaire clandestin du Puy; du capitaine « André » dit Joseph Bass ; et des chefs du groupe Lafayette, Pierre Perre et Elie Chabrier et du colonel Lucien.

Le 19 août 1944, le Puy-en-Velay est officiellement libéré. Les résistants entrent dans la ville, acclamés par la population. Les forces allemandes restantes se rendent, et le drapeau tricolore flotte de nouveau sur les bâtiments publics. La Libération se fait sans l'intervention directe des forces alliées, bien que leur progression en France ait évidemment joué un rôle crucial en affaiblissant l'occupant.

Au total, ce sont 7 officiers et plus de 160 hommes qui sont ainsi faits prisonniers et sont conduits, encadrés par les résistants, jusqu’à la Place du Breuil.

Pour célébrer la libération du Puy, un parcours mémoriel sera organisé dès 9 heures, lundi 19 août, soit 80 ans plus tard.  

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