Le 27 août 1944 marque la Libération de Clermont-Ferrand. Les résistants qui sont entrés dans la ville ont été filmés par un jeune cinéaste amateur, Jean Baudin. Des images conservées aux archives départementales. Un document exceptionnel.
La ville de Clermont-Ferrand a été libérée le 27 août 1944. Mais pour les Auvergnats et les nombreux réfugiés présents dans la région, l’été 1944 a sans doute été la période la plus critique de la guerre. Françoise Fernandez, historienne, raconte : « C’est un moment très dangereux. L’intensité des combats, la guerre en Auvergne, ont lieu en juin, juillet et août 1944, jusqu’à la Libération de Clermont-Ferrand. Cela se passe entre accrochages et harcèlement, exécutions de collabos, de chefs de la milice par exemple, et des représailles. De leur côté, les Allemands n’y vont pas de main morte non plus. Au village de Saint-Floret, il y a un petit accrochage avec des résistants. Ils reviennent le lendemain et ils bombardent le village, ils arrêtent des otages et ils fusillent le maire. C’est véritablement un moment d’intensité dans la haine entre les uns et les autres ».
"Il y avait des miliciens partout, et ça tirait un peu dans tous les coins"
Un dernier convoi de déportation pour Dachau part le 20 août de Clermont-Ferrand. Autour de la ville, la résistance s’organise. Après avoir connu le Mont-Mouchet et l’emprisonnement à Riom, Jean Zilberman a rejoint la colonne rapide de Luc Rosenberg : ils seront les premiers à entrer dans la capitale auvergnate. Jean Zilberman se souvient : « Les Allemands étaient encore dans Clermont-Ferrand. Il y avait des miliciens partout, et ça tirait un peu dans tous les coins. On s’est dit qu’il fallait se remettre en guerre. On était par groupe de deux ou trois : c’était vraiment organisé comme une armée. On longeait les murs. Il n’y a pas eu un seul coup de feu ». Dans un premier temps, les Clermontois sont un peu méfiants. Il poursuit : « Ils n’osent pas sortir encore. Des gens au balcon nous saluent et nous remercient mais ils n’osent pas sortir. Ils savent qu’il y a encore pas mal de coups de feu, à droite et à gauche. A Clermont-Ferrand on est partis boire un coup parce qu’il n’y avait plus d’Allemands. Il fallait quand même faire attention ».
Les images de Jean Baudin
Les images de la Libération conservées aujourd’hui aux archives départementales du Puy-de-Dôme ont été filmées par un jeune étudiant de 18 ans, Jean Baudin. Frédéric Brau, directeur des archives du Puy-de-Dôme, insiste : « Pour ses 16 ans, on lui offre une caméra. On a des films de différents lieux autour de Clermont-Ferrand et cette pépite qui est conservée. Il les a réalisés, il les a faits développer, il les a conservés. Ses enfants ont eu l’idée de les remettre aux archives départementales du Puy-de-Dôme. On est spécialisés dans le cinéma amateur. C’est un film qui a été fait a priori pour soi et aujourd’hui il sert de document pour l’Histoire. Il y a encore des documents chez les personnes. On appelle à ce qu’ils soient valorisés, reconnus à leur juste valeur et transmis au sein de familles ou des archives départementales ».
L'Auvergne liberée par la résistance
Des documents et des témoignages qui permettent, en parallèle au travail des historiens, de mieux comprendre ce qui a fait la spécificité de cette Libération. Françoise Fernandez, historienne, rappelle : « Je crois que la fierté de l’Auvergne réside dans le fait qu’elle a été libérée par la résistance. Il y a eu des missions interalliées mais, grâce au parachutage d’armes des alliés, les résistants ont libéré le territoire ». Beaucoup de résistants ont payé de leur vie cet engagement contre l’occupant et ses complices. Jean Zilberman conclut : « A 16 ans on est inconscient du risque. On est volontaire, on a une idée en tête et il faut mener à bien cette idée. On est totalement inconscient, je dois l’avouer ». Quelque 80 ans plus tard l’Auvergne continue à saluer la mémoire de ces hommes, et de ces femmes, engagés pour la liberté.