Mardi 30 janvier, pour le 2ème jour du procès en appel de Cécile Bourgeon et de Berkane Makhlouf, devant les assises de Haute-Loire, la justice s’est intéressée à la personnalité de l’ex-compagnon de la mère de Fiona. Un homme décrit par des témoins comme violent, pervers et paranoïaque.
Qui est donc Berkane Makhlouf, l’ex compagnon de Cécile Bourgeon ? C’est ce qu’a tenté de savoir la cour d’assises de Haute-Loire, mardi à l’occasion du procès en appel de Cécile Bourgeon, la mère de Fiona, et de son ex-compagnon Berkane Makhlouf. Le trentenaire, qui a écopé en première instance de 20 ans de réclusion criminelle pour avoir porté des coups fatals à Fiona, clame toujours son innocence. Un homme au parcours chaotique, entre violence et drogue.
Le président évoque tout d’abord son enfance dans la Nièvre, l'absence et la mort prématurée de son père, le remariage de sa mère, la relation conflictuelle avec son frère plus âgé, qui lui faisait "boire de l'urine". Appelé à la barre, l’un de ses frères témoigne : « Mon petit frère il était malade des nerfs. On a essayé de le faire soigner... Mais il pleurait tout le temps, il cassait des trucs.”
S'il avait été soigné, mon frère ne serait pas là !
« On a compris que votre frère pouvait être violent avec des objets, qu'il cassait tout. Est-ce que votre frère pouvait être violent avec les gens? » interroge le président. « Non, c'était surtout de la casse d'objets. Je ne l’ai jamais vu violent avec les gens », répond-t-il. « On a tout fait pour le placer », insiste-t-il. Il répète que Berkane Makhlouf avait besoin de soins, qu'il avait tout fait, avec sa mère, pour que ce dernier soit interné pour sa santé. « S'il avait été soigné, mon frère ne serait pas là ! », a-t-il lancé.
Ali, frère de Berkane Makhlouf: "On lui en voulait pas dans la famille. On voulait juste qu'il soit placé, qu'il soit soigné," répète-t-il. #Fiona pic.twitter.com/qeFq9q5YFd
— Valentin Pasquier (@ValPSQR) 30 janvier 2018
Le frère de Berkane Makhlouf qui le frappait avec les poings "pour son bien", décrira Cécile Bourgeon comme « une fille de la gare ». C’est par son intermédiaire que Makhlouf a rencontré la mère de Fiona. « Elle travaillait dans un bar turc qui était mal fréquenté. Il y a des camés là-bas». Selon lui, elle administrait du sirop à ses filles pour aller en boîte. Cécile Bourgeon : « C'est totalement faux, j'ai déjà laissé mes filles seules, je l'avoue, mais je ne leur ai jamais donné de sirop".
Dans un état de manque, il était très menaçant. Il aurait pu mettre ses menaces à exécution
L'accusé a commencé à consommer des stupéfiants en classe de 6e. Il fumait alors trois joints par jour. Un peu plus âgé, il consommait "5 grammes de cocaïne par jour, 2 grammes minimum d'héroïne". Pour payer sa consommation, il dealait. "Je recevais de la cocaïne pure de Guadeloupe, j'en consommais la moitié et je revendais l'autre," raconte-t-il. "Le RSA, je faisais une semaine avec."
Virginie, une ex de Makhlouf témoigne. Il est devenu violent avec elle lorsqu'il s'est mis à consommer régulièrement de la cocaïne (2008). Une seconde ex-compagne explique avoir reçu des claques mais « pas de coups de poing ». Il consommait alors du cannabis, de la cocaïne et de l'héroïne. Elle parle d’un homme tantôt agréable, tantôt paranoïaque. Elle tente de fuir début 2009 alors que Berkane Makhlouf est dans son bain. En pleurs, il la supplie de revenir mais il redevient violent. Il la traîne par les cheveux jusqu'à l'appartement. Elle finira par réussir à s’enfuir pour se réfugier chez sa famille. Aux enquêteurs, elle déclarera ne pas être étonnée s’il venait à tuer quelqu’un : « Oui, dans un état de manque, il était très menaçant. Il aurait pu mettre ses menaces à exécution." Mais lorsque Maître Khanifar, l’avocat de B. Makhlouf, lui demande : « Berkane Makhlouf aurait-t-il pu tuer Fiona? ». Elle répond : « Non, je ne pense pas. Ça aurait pu être un accident ».
Si Cécile Bourgeon n’avait pas rencontré Makhlouf, Fiona serait encore en vie
Une autre ancienne compagne de Makhlouf vient à son tour évoquer sa relation avec l’accusé : « C’est un manipulateur pervers. Il vous assujettit par la peur, la violence. Il est toxique ». Très vite, Berkane Makhlouf se révèle paranoïaque, très possessif et violent. Le président s’adresse à elle : « Pour vous, il est coupable ? ». « Oui » répond-t-elle. « De quoi ? » poursuit le président. « D’avoir fait vivre sans doute des violences à cette petite fille ». Et de poursuivre : « Si Cécile Bourgeon n’avait pas rencontré Makhlouf, Fiona serait encore en vie ».
Pendant que Cécile Bourgeon pleure dans son box, l’ex compagne et l’accusé s’invectivent. S’adressant à B. Makhlouf : « Tu es un manipulateur, tu es un pervers narcissique, tu es paranoïaque. Tu es incapable d’empathie. Tu ne discernes pas le bien et le mal ».
Peu avant Cécile Bourgeon avait chargé à son tour son ex-compagnon : « Ma plus belle période, c’est quand j’étais célibataire avec mes deux filles. J’étais suivie, j’avais des psychologues. Je ne me droguais plus. J’ai vécu un enfer lors de ma grossesse. J’avais des contractions… on avait un matelas une place qu’on avait trouvé dans la rue. C’est lui qui dormait dessus ».
Paranoïa, violence, drogue : le triptyque infernal de la personnalité de Berkane Makhlouf que les jurés ont tout juste commencé à cerner.