Le dernier fabricant de chaussures d’Auvergne va-t-il bientôt mettre la clef sous la porte ? Une dette colossale, des difficultés de conjoncture...la direction du site de production de chaussures Boissy annonce devoir déposer une procédure judiciaire. L'entreprise produit des chaussures en Haute-Loire depuis 1947.
Les chaussures Boissy, estampillées du nom de la marque de leur revendeur Gemo ou encore Besson, sont en grande difficulté. En 2021, l’entreprise située à Laussonne en Haute-Loire a dû faire face à la faillite de son principal client, La Halle aux chaussures. Avec la hausse des matières premières suite à la crise du covid et des changements d’habitudes sociétales, la situation est devenue intenable. Yves Poitoux, PDG de la manufacture de chaussures Boissy, explique : “Entre 2014 et 2023, date à laquelle on a racheté, le marché a baissé de 28%. Cela représente 120 millions de paires de chaussures en moins. On est dans une niche de marché, qui est le confort. Cette niche de marché va en se rétrécissant parce que notre cible, les séniors, achète des chaussures de sport”.
43 salariés en usine et 15 à domicile
Face à cette conjoncture, l’entreprise Boissy est sous le coup d’un plan de sauvegarde depuis 2021 mais l’entreprise perd aujourd’hui encore près d’un million d’euros par an, d’où le dépôt d’une procédure judiciaire. La cinquantaine de salariés sont partagés entre colère et fatalisme. L’avenir de la société ne fait guère de doute. Serge Crozat, salarié de l'entreprise, indique : “Sur la chaîne, on travaille à 150 paires par heure mais on mange de l’argent. On ne sait pas où part l’argent mais c’est nous qui le mangeons. On coûte cher. Je n’ai pas honte de le dire, après 41 ans d’ancienneté, je touche 1 500 euros”. Jean-Yves Joubert, salarié de l'entreprise, ajoute : “C’est très compliqué mais il faut chercher un autre développement. C’est possible, au lieu de dire que c’est foutu”. Jérémy Dumas, secrétaire du CSE, souligne : “Cela fait 12 ans que je travaille chez Boissy. Il y a 43 salariés dans l’usine et 15 personnes à domicile qui travaillent pour nous. Cela a été un choc. On a été plus ou moins prévenus. Il y avait du dialogue au comité d’entreprise. C’est dommage qu’il n’y ait pas de repreneur”.
Un repreneur qui manque à l'appel
Les chances de trouver un repreneur sont minces : 3 déjà auraient été recalés selon la direction. Restent un outil industriel et un savoir-faire. La Haute-Loire a longtemps été le premier fabricant de chaussure en Auvergne, employant jusqu’à 850 salariés dans les années 90.
Propos recueillis par Laurent Cluzel / France 3 Auvergne