VIDEO. Gilets jaunes : il y a 5 ans, la préfecture de Haute-Loire était incendiée

Il y a 5 ans, le 1er décembre 2018, la préfecture de Haute-Loire était partiellement incendiée par des Gilets jaunes. Rien ne laissait présager un tel déferlement de violence lors de ce 3ème week-end de mobilisation. Retour sur ce jour où tout a basculé au Puy-en-Velay avec ceux qui ont vécu ces évènements.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Une préfecture en flammes. Le 1er décembre 2018, au Puy-en-Velay, une quinzaine de jours après le début du mouvement des Gilets jaunes, le chaos règne sur la place du Breuil. Sébastien Beraud était présent. Cet agriculteur avait réussi à faire venir une quarantaine de tracteurs dans un cortège hétéroclite de près de 3 000 personnes de tous horizons. Sébastien Beraud, Gilet jaune, raconte : « On avait l’impression que c’était le défilé du 14 juillet. Quand on traversait Le Puy-en-Velay, il y a avait beaucoup de commerçants qui sortaient de leur magasin, qui mettaient un pouce en l’air et qui nous applaudissaient. C’était assez convivial. Jusqu’à 15 heures, il y avait de plus en plus de monde. Le Breuil était plein, il devait y avoir 4 à 5 000 personnes. C’était impressionnant pour une petite bourgade comme Le Puy-en-Velay. Il y a eu des petits feux de poubelles et le feu s’est laissé faire. Les pompiers étaient prêts à intervenir mais ils n’intervenaient pas. On ne sait pas trop pourquoi. Sauf qu'il y a un feu de poubelle, après un feu de paille, et après des cocktails molotov. Les gendarmes tiraient comme ils pouvaient. Au final, ils n’étaient pas assez nombreux et ils n’avaient pas assez de munitions. Après c’était l’apocalypse. C’était la guerre. Je ne vous explique pas quand la préfecture était en feu. Vers 18-19 heures, c’était incroyable. Jamais de ma vie je ne pensais voir cela. J’étais désemparé ». 

Les traces de ce samedi de décembre

Hedi Bahrini était aussi présent ce jour-là devant la préfecture du Puy-en-Velay. Lui aussi portait un Gilet jaune, mais ce n’est pas la colère qui l’avait poussé à participer à son premier rassemblement, plutôt la curiosité. Hedi Bahrini, Gilet jaune, porte sur son œil gauche les stigmates de ce jour-là : « Ce samedi, je suis venu avec un appareil photo numérique. Je suis venu comme observateur, dans le but de comprendre ce qu’il se passe. A 13h30, je suis en train de filmer. Il y a une explosion devant l’appareil photo qui me projette en arrière. C’est le noir sur mon côté gauche. Je ne connais pas les armes à ce moment-là. J’imagine que c’est une grenade lacrymo. Au moment où je me retourne, je vois le regard effaré des gens et je comprends que c’est plus grave ». 

Des policiers "choqués"

Pas moins de 28 membres des forces de l’ordre ont aussi été blessés ce 1er décembre 2018. Nous avons sollicité des policiers présents ce jour-là. Certains d’entre eux voulaient témoigner, mais leur hiérarchie a refusé, au grand dam du syndicat Alliance. Ce que les forces de l’ordre ont vécu lors de l’assaut de la Préfecture, nous l’apprenons de la bouche d’une avocate ponote. Elle a défendu certains d’entre eux blessés la semaine suivant les faits. Maître Emmanuelle Bonnet, avocate de 3 policiers blessés, indique : « Ils étaient présents le 1er décembre. Ils ont été également choqués et surpris par la violence qui s’est déchaînée d’un coup. Ils savaient qui ils étaient de part et d’autre. A un moment donné, ils ont eu la sensation d’être pris pour cibles à titre personnel ». 

Un préfet encore marqué

Au lendemain des faits, Yves Rousset, le préfet de l’époque avait fait visiter l’intérieur de la préfecture à la presse. Des émotions fortes l’ont traversé ce 1er décembre 2018, comme toutes les personnes présentes à l'intérieur ou aux abords de la préfecture. Yves Rousset, ancien préfet de Haute-Loire, se souvient : « Mon sentiment a été la peur que j’ai eu pour les forces de police et de gendarmerie. Elles ont été soumises à des violences extrêmes. Je dois dire qu’avec le colonel de gendarmerie, avec le commissaire de police, à certains moments, nous avons eu peur de perdre des hommes ». 

A l’instar de l’arc de triomphe de Triomphe vandalisé le même jour, l’incendie de la préfecture de la Haute-Loire a marqué les esprits. Le président Emmanuel Macron est rapidement venu constater les dommages subis par ce bâtiment emblématique de la République, sous les huées des Gilets jaunes.

Les dégâts de la préfecture avaient été estimés à 250 000 euros.

Propos recueillis par Pascal Franco / France 3 Auvergne

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité