Cette année, l'adoption d'enfants mineurs fête ses 100 ans. Dans un contexte de baisse du nombre d'adoptions en France, l'association Enfance et familles d'adoption accompagne les familles.
L'association Enfance et familles d'adoption regroupe 92 antennes de proximité un peu partout en France. A Yssingeaux, l'assemblée générale de l’antenne de Haute-Loire s’est tenue dimanche 12 mars. A chaque fois c’est un moment de partage, entre bilan de l'année écoulée et goûter avec les enfants. Ce moment convivial permet de resserrer les liens et de motiver les nouveaux adhérents qui ont reçu l'agrément pour adopter, comme M. et Mme Dumas. Ils attendent depuis un an l'enfant qui leur correspond et pour lequel ils sont prêts. Sébastien Dumas, postulant à l'adoption, explique : « Ce n’est pas évident d’obtenir l’agrément : beaucoup de questions nous sont posées. Après l’agrément, on a presque l’impression d’être abandonnés. On discute avec d’autres personnes pour avoir leur vécu. Cela nous rassure un peu parce qu’on ne sait pas auprès de qui on peut se rapprocher. On apprend comment ils ont adopté et comment cela se passe chez eux. On souhaiterait adopter un pupille mais depuis un an qu’on a l’agrément, rien ne s'est produit. On va voir si on peut adopter à l’étranger. On est passés par des FIV, on avance dans l’âge et on voudrait bien adopter. Même une fratrie ne nous dérangerait pas. Ce n’est pas évident car le parcours est long ».
"Nous sommes là pour transmettre la voix des familles adoptives"
En Haute-Loire, l'association comptabilise une à deux adoptions par an de pupilles de l'Etat et un à deux enfants adoptés de l'étranger. Une quinzaine de postulants attendent. Enfance et familles d’adoption agit pour l'évolution de l'adoption depuis 70 ans. Anne Royal, présidente de la fédération Enfance et familles d'adoption, souligne : « L’adoption des enfants mineurs existe depuis 100 ans. Elle a beaucoup évolué, que ce soit au niveau de l’âge des enfants, de la préparation des parents. Jusque dans les années 80, il n’y avait pas besoin d’agrément pour adopter. Il y a eu tout un tas de lois qui ont progressivement fait évoluer le droit de l’adoption. Nous sommes concertés quand il y a des propositions de loi, des décrets. Nous sommes là pour transmettre la voix des familles adoptives. Nous accompagnons les personnes candidates à l’adoption, les familles adoptives et les adoptés majeurs. Ce réseau de proximité est essentiel ». Elle poursuit : « Pour adopter, il faut un agrément, pour une adoption nationale ou internationale. La loi du 21 février 2022 impose maintenant une préparation des candidats à l’agrément. Elle a aussi interdit l’adoption par démarche individuelle. Il y a beaucoup moins d’agréments pour de enfants délaissés : on est passé de 25 000 il y a 15 ans à moins de 10 000 aujourd’hui. Moins de 10 000 personnes sont titulaires d’un agrément pour adopter un enfant pupille de l’Etat ou un enfant de l’étranger. Il y a aussi une baisse des adoptions à l’international. Au niveau national, c’est à peu près équivalent. Un peu moins d’enfants naissent sous le secret mais il y a plus d’enfants pupilles de l’Etat. Si le nombre d’agréments baisse, c’est parce que les gens se découragent. Les démarches sont longues et difficiles ».
Des parents qui se tournent vers l'adoption internationale
Corinne et Fabrice témoignent volontiers, avec bonheur, de leur parcours de vie avec Mariel. Leur fille a neuf ans aujourd'hui. Fabrice Goudard, papa de Mariel, raconte : « Mariel était dans un orphelinat à Lima, au Pérou. En parallèle, on avait fait un dossier d’adoption et on a rencontré Mariel en septembre 2017. Cela a été comme dans un conte de fées. La princesse est là, d’ailleurs. Tout de suite, elle a dit à ses copains de l’orphelinat : « Voici mon papa et ma maman ». Depuis, on ne se quitte plus. C’est que du bonheur. Adopter en France n’est pas évident car il y a peu de pupilles qui sont proposés à l’adoption. Beaucoup de postulants se tournent vers l’adoption internationale ». Corinne Goudard, maman de Mariel, ajoute : « On s’est beaucoup appuyés sur l’association pour évoluer dans notre cheminement. Au final, nous avons fait le choix d’adopter une enfant handicapée et cela ne s’improvise pas. On ne décide pas du jour au lendemain d’être parents d’un enfant avec un handicap. Ils sont là pour vous accompagner, vous aider à faire le bon choix car il ne s’agit pas de regretter ce choix ».
L'association espère beaucoup de la réforme en cours pour accéder à plus d'adoptions nationales, mieux former aussi les adoptants comme les référents des instances publiques. Elle propose toute l'année des rencontres entre parents et enfants. Des échanges et des réflexions autour de la scolarité, la santé ou de simples moments de partage.