Alors que le collectif Jamais Sans Toit célèbre ses 10 ans, les enfants à la rue sont toujours plus nombreux dans la Métropole de Lyon. Le campement de la Place Carnot, où ils sont une trentaine, s’apprête à être démantelé, sans solution d’hébergement d’urgence.
"Pas trop froid la nuit ?" demande Juliette Murtin, du collectif Jamais Sans Toit, à l’une des familles de sans-abri installée place Carnot, dans le 2ème arrondissement de Lyon. Ici, ce n’est pas tant le froid qui inquiète mais la date du démantèlement du camp qui approche. Il va être évacué par les forces de l’ordre, pour laisser place au traditionnel marché de Noël. Mais sans proposition d’un hébergement d’urgence pour les familles qui y vivent, et qui comptent une trentaine d’enfants. "En fait, il faudrait mettre des petites décorations, des petits sapins de noël sur les tentes pour ne pas qu’ils vous fassent plier" ironise-t-elle.
Ce mercredi 20 novembre marque le 35ème anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l’enfant et les 10 ans du collectif Jamais Sans Toit. Un bien triste anniversaire pour Juliette Murtin. "Ce que l'on constate sur le terrain c’est que tous les jours, en France, les droits de l’enfant sont bafoués. En premier lieu l’article 27 de cette convention qui concerne le droit à l’hébergement et à une vie de famille. Sur la métropole de Lyon, le collectif recense 340 enfants qui dorment dehors, dont une quarantaine de bébés. C’est un chiffre qui est énorme" souligne l'activiste.
Le collectif occupe actuellement 10 établissements scolaires, où sont hébergées des familles. Mais les places sont insuffisantes face à l’accroissement du nombre de familles et d’enfants à la rue sur le territoire. Sur la place Carnot, ce sont essentiellement des familles venues d’Afghanistan.
"Je ne dors pas la nuit, je n’ai pas assez de sommeil dans mon corps"…
Jasmina, une dizaine d'années, dort ici depuis trois mois. "Ça se passe très mal, pas que pour moi et mes frères et sœurs, mais aussi pour tous les petits enfants. C’est dur d’être à la rue surtout hier quand il y a eu la tempête..." témoigne la fillette. "À l’école je suis très bien, je m’entends bien avec les enseignants, mais je ne dors pas la nuit, je n’ai pas assez de sommeil dans mon corps. Je voudrais être logé le plus rapidement possible" soupire Jasmina.
Dans la métropole lyonnaise, certains dorment dans la rue depuis quelques mois, d’autres depuis des années. "L’hébergement d’urgence est une compétence qui incombe à l’Etat, c’est à lui de créer les places. D’ailleurs la ministre du logement vient de voter le déblocage de 250 millions d’euros pour finir l’année 2024, ce qui devrait normalement se répercuter sur le terrain. Ce n'est pas ce que l'on constate" explique Juliette, précisant que de nombreux bâtiments inoccupés existent à proximité de la place Carnot.
Le sans-abrisme des enfants, on peut y mettre fin. Ce que l'on attend, c’est que les élus fassent preuve de courage politique. On constate une augmentation de la misère en 10 ans d'existence de notre collectif.
Juliette Murtin, du collectif Jamais Sans Toit
Le collectif Jamais Sans Toit appelait à un rassemblement ce mercredi 20 novembre à 17 heures place Louis Pradel pour exiger que soient respectés les droits de tous les enfants en France, notamment concernant le logement.