Le collectif lyonnais "jamais sans toit" annonce avoir placé 54 enfants et leurs familles dans un groupe scolaire. Depuis la fin des vacances de noël, ces familles s'étaient retrouvées à la rue. Le collectif dit avoir "déclenché son plan grand froid". La préfecture du Rhône annonce, quant à elle, la création de 300 places d'hébergement en 2024.
"Là, au moins, quand on se réveille, on a chaud". Avram a bientôt dix ans. Blond, les cheveux mi-longs, des yeux bleus. Il porte un pull gris, un jean blanc. Difficile de l'imaginer dormir à la rue. Avec sa mine d'ange, il raconte dans un français parfait ses nuits passées dehors sous une tente. Il a passé une première nuit à l'abri. Le collectif "jamais sans toit" a rassemblé dans ce groupe scolaire désaffecté du 9° arrondissement de Lyon un groupe d'une centaine de personnes.
"Je crois que ça va être trop bien ici"
Le jeune Avram a trouvé, avec sa famille, une salle de classe inoccupée. Il semble soulagé : "je crois que ça va être trop bien ici. Il ne fait pas trop froid". Pourtant, il n'y a pas de chauffage. Il fait 15 degrés. C'est toujours mieux que les températures glaciales relevées ces derniers jours à Lyon. Le collectif "jamais sans toit" a donc décidé d'investir les lieux dès ce vendredi soir avec une centaine de personnes, dont une soixantaine d'enfants. Au fil de la journée, ce samedi, les arrivées se sont poursuivies. Les salles de classe sont transformées en dortoirs, dans les couloirs, les enfants s'amusent. Des matelas et des équipements de cuisine ont été prêtés par l'association.
Pour beaucoup, jusqu'à présent, la rue et les tentes de fortune étaient le seul abri. Pour certains, c'est la première nuit qu'ils passent au chaud. Une douceur relative. Et précaire.
Le collectif, avec ce coup d'éclat, souhaite interpeller l'État. L'État et la mairie à qui il réclame la réquisition du bâtiment.
Ce sont des familles qui étaient dehors. Le circuit d'hébergement d'urgence est saturé. Il n'y a pas de place pour elles, y compris les familles avec des bébés. Même si ce n'est pas chauffé ici, ce sont des enfants qui dormaient dehors. Alors, oui, pour eux c'est le luxe.
Juliette Murtin, collectif "jamais sans toit"
Un plan "grand froid" d'urgence
Ces familles avaient été hébergées en urgence par la ville pendant les vacances scolaires de Noël et la fermeture des écoles. Car, bien avant, ces mêmes familles étaient accueillies dans des groupes scolaires, disséminées sur la métropole. Avec cette action, le collectif entend lancer son propre "plan grand froid". Un plan qui n'a, pour l'heure, pas été déclenché par la préfecture du Rhône. Selon Raphaël Vulliez, porte-parole du collectif, "on compte 180 enfants à la rue à Lyon, c'est 35 % de plus que l'an passé".
300 places d'hébergements en plus
Dans l'émission "dimanche en politique" diffusée sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes ce 14 janvier à 11h10, la Préfète annonce la création de 300 places d'hébergement supplémentaires en 2024.
On a déjà beaucoup de places. 24 000 rien que sur le département du Rhône, c'est deux fois plus qu'il y a 10 ans. Mais on a de plus en plus de demandes. Il faut utiliser le parc d'hébergement de la bonne façon en créant de la fluidité. On doit pouvoir entrer dans ces logements d'urgence mais également pouvoir en sortir, grâce au parc social par exemple.
Fabienne Buccio, Préfète de la région AURA
Selon le collectif "jamais sans toit", la crise actuelle serait liée à un effet "post-covid". À l'époque, les familles étaient logées dans des hôtels, vidés des touristes. Mais, depuis la reprise des activités, il y aurait sept fois plus de familles à la rue.