"On ne va pas laisser ces enfants crever dehors" : arrivée du froid à Lyon, un collectif réclame des mises à l'abri d'urgence

Le collectif "Jamais Sans Toit" a organisé un rassemblement ce lundi matin, 8 janvier, dans le 8ᵉ arrondissement de Lyon pour protester contre la "remise à la rue" de 56 enfants, alors qu'un froid polaire s'abat sur le pays. Le collectif espère le déclenchement du plan Grand Froid au plus vite.

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"On pensait qu'une solution plus pérenne allait être mise en place après les vacances et pas un retour à la rue", déplore Juliette Murtin, porte-parole du collectif lyonnais "Jamais Sans Toit", collectif de soutien aux enfants scolarisés sans logement dans la métropole de Lyon.

La ville de Lyon a permis à 56 enfants et à leur famille de passer le début de l'hiver à l'abri, le temps des vacances de Noël. Mais ce lundi matin, jour de rentrée des classes, cette solution provisoire d'hébergement a pris fin. Le collectif "Jamais Sans Toit" s'en émeut et s'inquiète alors qu'une vague de froid et des températures négatives sont annoncées sur le pays.

Selon "Jamais Sans Toit", aucune solution n'a été trouvée à ce jour pour ces 56 enfants qui dormaient dans les écoles occupées depuis des mois et qui ont été hébergés le temps des vacances par la ville de Lyon.

Plan Grand Froid

Alors le collectif a décidé de se mobiliser pour ces enfants. Une sorte de piqûre de rappel à destination des services de l'État. Ce lundi matin, 8 janvier, un rassemblement a eu lieu dès 7h devant l'hôtel CISL (Centre International de Séjour de Lyon), situé dans le 8ᵉ arrondissement, où étaient hébergées ces familles.

Le rassemblement de soutien a pris fin peu avant 8h, alors que les enfants partaient pour l'école. Au total, d'après le collectif lyonnais, une petite centaine de personnes était présente ce matin devant l'hôtel pour tirer la sonnette d'alarme et appeler la préfecture à passer à l'action. À commencer par le déclenchement du plan Grand Froid qui permettrait d'ouvrir des places d'hébergement d'urgence, notamment dans des gymnases.

Solution temporaire pour Noël

L'initiative de la mairie de Lyon, à savoir l'hébergement de ces familles au CISL durant les vacances, a permis aux membres du collectif de souffler un peu. Le coup de pouce de la municipalité est d'autant plus appréciable pour le collectif, que depuis septembre, la facture des nuitées payées pour héberger des familles à la rue en hôtel s'élevait à 20 000 euros.

L'initiative a surtout permis d'apporter du soulagement à ces familles sans logement. "Pendant les vacances, ces enfants ont pu avoir des conditions de vie moins rudimentaires, avec de vrais lits et des sanitaires", explique Juliette Murtin, membre du collectif depuis trois ans et porte-parole. "Dans les écoles occupées, il ne faut pas se leurrer, on dort par terre, il n'y a pas de douche non plus. Ce ne sont pas des conditions dignes".

Que vont faire les familles de ces 56 enfants à présent ? Juliette n'en sait encore rien ce lundi matin, "mais c'est certain, on ne va pas laisser ces enfants crever dehors", lâche-t-elle. "Jamais Sans Toit" réclame "une solution pérenne, digne pour ces enfants et adaptée à des conditions de vie familiale". "Et l'école n'est pas une solution d'hébergement", martèle la jeune femme.

Écoles occupées... et après ?

Depuis la rentrée de septembre, cette année encore, des écoles lyonnaises dans différents arrondissements de Lyon sont occupées par des membres du collectif. C'est le cas de l'école Gilbert Dru, de l'école Mazenod ou encore de l'école Hephburn. "Avant les vacances, 13 écoles servaient de refuge à 89 enfants, soit plus de la moitié des 176 enfants sans solution d’hébergement officielle de la ville", explique le collectif sur X.

On pensait qu'une solution plus pérenne allait être mise en place après les vacances et pas un retour à la rue.

Juliette Murtin

Porte-Parole "Jamais Sans Toit"

D'après les informations dont dispose "Jamais Sans Toit", ces 56 enfants scolarisés et sans solution d'hébergement durable représentent un tiers des enfants à la rue de la ville de Lyon. Selon la porte-parole, ces chiffres d'enfants à la rue fournis par les établissements sont même en dessous de la réalité. Pas de profil type. "On a tous les cas de figure et toutes les situations administratives possibles", ajoute-t-elle.

Au-delà de la mobilisation de ces militants, le sentiment qui domine est surtout celui d'une impuissance. Alors sans solution d'hébergement, les occupations d'école vont-elles reprendre ? Cela ne semble pas être l'option retenue et pour cause : "les membres du collectif et les soutiens sont épuisés. Il y a une véritable lassitude (...) On n'est pas préparé à ça. On se retrouve en première ligne alors que ce n'est pas notre compétence, c'est celle de l'État," rappelle Juliette.

En fin de journée, ce lundi 8 janvier, la préfecture du Rhône a annoncé renforcer ses capacités d'hébergement d'urgence "pour prendre en charge les personnes les plus vulnérables repérées lors des maraudes", sans attendre l'activation éventuelle de la vigilance grand froid.

Ainsi, dans le département du Rhône et la métropole de Lyon, les maraudes sont renforcées, les horaires des accueils de jours étendus et une quinzaine de places au sein d'un centre d'accueil sont sanctuarisées. Des places d'hôtel sont également mobilisées "pour accueillir les ménages les plus fragiles repérés par la veille sociale et les maraudes renforcés", fait savoir la préfecture.

Article mis à jour le 9 janvier à 7h avec les annonces de la préfecture

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