Témoignages. “Je rêve d’avoir une maison avec un toit” : le triste quotidien d'enfants et mères de famille à Lyon

Publié le Écrit par Faustine Magnetto

Depuis une semaine, 105 personnes occupent le centre culturel et de la vie associative de Villeurbanne. La majorité sont des femmes avec enfants. Toutes ces familles, dont la plupart vivaient à la rue, espèrent un hébergement d'urgence. Nous avons rencontré certaines d'entre elles. Témoignages.

“Des fois, je me réveille dans la nuit parce que j’ai peur. Je rêve d’avoir une maison avec un toit, une piscine et une chambre pour ma petite sœur et une pour moi”, confie Zana*, en nous montrant là où elle vit depuis six jours. Au sol : deux tapis étendus au sein du centre culturel et de la vie associative de Villeurbanne (CCAV). “Je dors ici, mais je ne sais pas comment mon petit frère va dormir, on est beaucoup”, déplore-t-elle.

Avec elle, sa petite sœur, son petit frère malade et ses parents. Toute leur vie tient dans quelques sacs de courses, utilisés parfois en guise d’oreillers. Parmi leurs affaires entassées, un cartable d’école rose. Zana, huit ans, est scolarisée dans la métropole de Lyon, comme beaucoup d’autres petites filles. Mais chaque soir, une fois les cours terminés, c’est une tout autre réalité. “J’ai froid et parfois chaud, je me réveille dans la nuit. Et il n’y a pas assez à manger”, regrette la fillette.

Il y a encore une semaine, cette famille albanaise vivait sous une tente. Sept mois passés à l'abri des regards dans un quartier proche de la Part-Dieu avec d’autres compagnons d’infortune. “C’était vraiment difficile. Ici, c'est mieux, mais ce n’est pas une solution”, raconte le père de famille dans un français hésitant. “Ma demande d’asile a été rejetée. En France, on te donne beaucoup de papiers, mais pas de logement”, regrette-t-il en montrant sa pochette en carton qui déborde de papiers.

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Ancien lieu de vie de cette famille albanaise proche de la Part-Dieu ©Famille albanaise

"Tu sais ce que ça veut dire une femme à la rue..."

À quelques mètres, Sarah allaite son fils de sept mois, assise au sol, elle aussi sur une sorte de tapis. Le petit garçon enveloppé dans une couverture ne lâche pas sa mère du regard.

Allemagne, Pays-Bas, Suisse, Italie et Espagne. Après avoir traversé cinq pays depuis le Maroc, Sarah est arrivée en France il y a quatre ans maintenant. Elle a connu la vie dans la rue et ses difficultés.“Tu sais ce que ça veut dire une femme à la rue. Il y a des violences, du vol, du profitage… Même pour les enfants, c'est dur, il fait froid, ils tombent malades”, raconte la mère de famille. Il y a encore une semaine, elle vivait dans le squat lyonnais Pyramide récemment démantelé.

Une solution humaine

“Ici, c’est mieux que la rue, il fait chaud. Mais c’est un centre culturel, ce n’est pas fait pour que les gens dorment ici. Ce n’est pas une solution. On veut une solution humaine”, martèle Sarah qui espère un hébergement d'urgence et de meilleures conditions de vie.

“Ici, il y a des toilettes, mais il n’y a pas de douche. Certaines femmes vont se laver à la Part-Dieu. D’autres femmes lavent leur enfant dehors avec de l’eau chauffée. Ici, ils ont interdit la cuisine, donc les collectifs nous apportent de la nourriture qu’on peut stocker ou qui n’a pas besoin d’être cuite. Mais on ne mange pas bien”, déplore-t-elle.

“Les enfants sont stressés”

"Le matin, j'emmène les enfants à l’école et je les récupère le soir. Les conditions de vie ici sont difficiles pour les enfants. Ils sont un peu stressés de dormir ici”, déplore Diakiésé Madaléna, une autre mère de famille.

Ses deux enfants de 10 et 16 ans sont scolarisés. Le plus grand est en internat à Nantua et rentre tous les week-ends dormir au centre culturel de Villeurbanne. Avoir un toit sur la tête est un soulagement pour cette famille qui vivait dans la rue près de Jean Macé.

En 2020, cette mère et ses deux garçons ont quitté leur pays natal, l’Angola. “C’était trop dangereux avec les guerres. Mais j’ai encore ma mère qui vit dans un village là-bas”, se remémore-t-elle avec émotion.

Pour l’heure, la municipalité autorise ces familles à rester le temps qu’une solution soit trouvée.

*Zana, prénom modifié

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