Une peine de 30 ans de réclusion criminelle a été requise à l'encontre de Patricia Dagorn. Celle qui a été surnommée "la veuve noire" de la Côte d'Azur est jugée à Nice pour avoir empoisonné plusieurs hommes âgés. Elle avait déjà été condamnée pour des faits similaires en Haute-Savoie.
Fustigeant une personnalité "psychopathe" et "perverse narcissique", l'avocate générale a requis ce jeudi 18 janvier 2018 à Nice 30 ans de réclusion criminelle à l'encontre de Patricia Dagorn, la "Veuve noire" de la Côte d'Azur accusée d'avoir empoisonné plusieurs hommes âgés, dont deux sont morts, pour les escroquer.
"Je considère que les infractions reprochées à Mme Dagorn sont toutes caractérisées", a estimé Annie Brunet-Fuster, reconnaissant requérir "une sanction en effet sévère", à laquelle elle a demandé à la cour d'adjoindre une période de sûreté à sa convenance. Jugée devant les assises des Alpes-Maritimes pour l'assassinat de deux hommes et l'administration de substances nuisibles à deux autres octogénaires, Mme Dagorn nie les faits qui lui sont reprochés.
"Quand elle nie tout, elle ne vous dit pas la vérité", a lancé l'avocate générale aux jurés: "Comme elle ne veut pas revenir sur ses propos, elle en invente d'autres", a-t-elle poursuivi, rappelant que l'accusée avait eu depuis le début de son procès lundi "réponse à tout".
"On ne peut pas comprendre ou expliquer les faits (...) sans avoir constamment à l'esprit la personnalité de Mme Dagorn", a encore déclaré Mme Brunet-Fuster, évoquant une personnalité "déroutante" et "dérangeante", "pas psychotique mais psychopathe", "perverse narcissique" à la défense "diverse, changeante, variable".
"Je pense que Mme Dagorn était dans une vraie solitude, avec un besoin affectif d'autant plus important que de ce point de vue, elle a été carencée", a poursuivi la magistrate: "La Côte d'Azur était une sorte d'eldorado pour elle pour exprimer ce qu'elle avait toujours eu envie d'être, une femme d'affaires".
Pour appuyer ses réquisitions, la représentante du ministère public a notamment insisté sur le profil des souhaits de rencontres exprimés par l'accusée en agence matrimoniale : des hommes âgés de 50 à 80 ans ou plus.
Elle a aussi cité les nombreux documents, passeports, chèques ou cartes d'identité "qui n'avaient rien à faire dans la valise de Mme Dagorn". "Mme Dagorn était une professionnelle de la rédaction de documents administratifs et de copies en tout genre, de fausses signatures. On a une abondance de faux dans ce dossier".
Le réquisitoire de Mme Brunet-Fuster devait être suivi des plaidoiries de la défense. "Tout le problème est d'aller au-delà de la personnalité et des suspiscions pour vérifier si oui ou non l'infraction est caractérisée, et si on a des preuves", a indiqué avant l'audience Me Cédric Huissoud, qui demandera l'acquittement de sa cliente.