C'était le 23 février 2011. Un jeune adolescent anglais s'était retrouvé coincé par son sac à dos, dans le vide, sur le télésiège de l'Echo Alpin. Il est décédé 22 jours plus tard. Le conducteur du télésiège et les remontées mécaniques avaient été mis en examen pour "homicide involontaire".
Le procès s'est ouvert, ce mardi 6 octobre, au tribunal de Thonon-les-Bains, en présence du père de la jeune victime. Kerian Brooks, jeune adolescent britannique de 14 ans était décédé de ses blessures en Angleterre où il avait été rapatrié le 5 mars, 22 jours après l'accident.
Le jour du drame, Kerian avait emprunté le télésiège 6 places de l'Echo Alpin. A l'arrivée, il s'est retrouvé dans le vide, "étranglé" par la sangle de son sac à dos qui s'était retrouvée coincée entre la banquette et un arceau du siège. Le conducteur avait aussitôt déclenché l'arrêt, mais l'adolescent "dans un état grave" avait déjà perdu connaissance.
En mai, le conducteur et la société des remontées mécaniques avaient été mis en examen pour "homicide involontaire".
Compte-rendu d'audience avec Ingrid Pernet & Franck Ceroni
Cette enquête ne vise pas à déterminer les responsabilités, mais à prévenir de futurs accidents"
Un rapport d'enquête qui met d'abord en garde en préambule: "Cette enquête a pour seul objet de prévenir de futurs accidents, en déterminant les circonstances et les causes de l’événement analysé et en établissant les recommandations de sécurité utiles. Elle ne vise pas à déterminer des responsabilités. En conséquence, l’utilisation de ce rapport à d’autres fins que la prévention pourrait conduire à des interprétations erronées".
Fondé notamment sur les témoignages de tous les acteurs du drame, skieurs, secouristes, conducteur, et les investigations techniques effectuées sur l'installation, ce rapport dans ses conclusions établit: "La cause directe de l’accident est le coincement de la sangle ventrale du sac à dos que portait l’adolescent dans le siège sur lequel il était assis, ce qui l’a empêché de débarquer, puis l’a retenu accroché lorsqu’il a sauté ou chuté du siège. Les deux dispositions prévues sur ce télésiège pour arrêter l’installation suffisamment tôt dans un tel cas ont été mises en défaut : l’attention de l’agent en charge de la surveillance du débarquement était mobilisée par d’autres tâches et le détecteur de non-débarquement ne s’est pas déclenché pour des raisons que l’enquête n’a pas permis d’identifier avec certitude."
Et le Bureau d'enquête fixe "trois recommandations immédiates visant à fiabiliser, avant la saison d’exploitation 2011-2012, la détection des usagers de télésiège rencontrant des difficultés au moment du débarquement. autres mesures sont préconisées : trois d’entre elles portent sur la prévention des risques de coincement d’attaches de sac ou d’habit dans les sièges, deux autres, sur la rigueur devant s’attacher à l’exploitation des remontées mécaniques".
Le rapport du Bureau d'Enquêtes
Un nouveau télésiège sécurisé
C'es notamment pour éviter le drame de février que la station haut-savoyarde a mis en service le 14 janvier 2012 le télésiège "Les Rochassons ", de 6 places et débrayable, équipé d'un système de garde corps semi automatique, une première en Haute-Savoie.
Reportage de Charlotte Millet & Serge Worreth, le 13/01/2012