Accidents mortels au Mont-Blanc : "un effet sériel" pendant l'été 2024, le plus meurtrier depuis six ans

Une dizaine de personnes sont décédées cet été dans le massif du Mont-Blanc. Un lourd bilan comparé aux années précédentes. S'il est trop tôt pour tirer des conclusions, le Système national d'observation de la sécurité en montagne (SNOSM) appelle à la plus grande prudence.

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Plus d'une dizaine d'accidents graves ont eu lieu dans le massif du Mont-Blanc pendant l'été 2024. La découverte du corps de quatre alpinistes, en début de semaine a encore alourdi le bilan. "À l'échelle nationale, ce n'est pas une année exceptionnelle. Mais si l'on se concentre sur le massif du Mont-Blanc, il y a un peu un effet sériel", remarque Ludovic Richard, président du Système national d'observation de la sécurité en montagne (SNOSM).

Dans le détail, les accidents survenus cet été ont tous des origines différentes. "Certains ont chuté sur les sentiers, dans des crevasses, d'autres ont dévissé dans un couloir, subi une chute de pierres, été emportés par une avalanche… Il est trop tôt pour dire si le réchauffement climatique est à l'origine de certains de ces événements."

En finir avec la culture de l'objectif

Les premières données récoltées par le SNOSM suggèrent que les accidents survenus cet été sont plutôt liés à des erreurs humaines. Nombre d'alpinistes s'aventurent sur les reliefs avec "la culture de l'objectif". "Il faut plutôt encourager la culture du renoncement, qui fait d'ailleurs partie de la formation des guides de haute montagne", poursuit Ludovic Richard.

Définir un itinéraire adapté à ses capacités physiques, choisir un matériel approprié, savoir rebrousser chemin... Autant de conseils de base qui doivent être appliqués à la lettre pour prévenir les accidents. "Cet été, les victimes sont plutôt des alpinistes solitaires. Bien sûr, un accident peut arriver avec un guide. Mais s'accompagner d'un professionnel, c'est un gage de sécurité. La haute montagne est un milieu hostile."

"Il faut adapter sa pratique en fonction des conditions de la montagne : on ne part pas un jour de canicule. Ce printemps, nous avons eu beaucoup de neige en haute montagne : il faut aussi en tenir compte lorsqu'on monte en altitude et dans le choix de son matériel."

Autre levier essentiel pour prévenir les accidents : la prise d'information. "Les alpinistes, aujourd'hui, disposent de toutes les informations sur la météo, l'état des sentiers. Les refuges de haute montagne donnent tous les renseignements nécessaires aux pratiquants. Maintenant, la question est : que fait-on de ces infos ?"

Pas de précédent depuis 2018

Parmi les alpinistes décédés cet été, certains d'entre eux étaient de nationalité roumaine, polonaise, coréenne, italienne... "Il y a peut-être un travail à faire sur la traduction des plaquettes d'information", suggère encore Ludovic Richard.

Selon le baromètre 2023 de l'accidentologie des accidents en montagne du SNOSM, l’âge moyen des personnes secourues en alpinisme est de 37 ans. Elles sont en grande majorité de sexe masculin (79 %). "Le profil type est un homme (60 %), français (82 %), âgé de plus de 50 ans (34 %), qui s’est blessé (58 %) en montagne à la suite d’une glissade ou chute (44 %), par un temps ensoleillé et chaud (63 %), lors de la pratique de la randonnée pédestre (48 %) non encadrée", précise l'étude.

Pour l'année 2024, il est encore trop tôt pour tirer un bilan. "En septembre, on pratique encore pas mal en montagne." La dernière année la plus accidentogène sur le massif du Mont-Blanc remonte à 2018. Il y a six ans, le SNOSM avait recensé 39 décès au total sur l’ensemble des massifs français en alpinisme uniquement, dont 19 rien que sur le massif du Mont-Blanc. Et neuf, rien que sur le mois d’août.

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