C'est une très belle histoire, celle du freerider Victor Daviet qui a réussi il y a un an à exfiltrer 14 jeunes snowboardeurs afghans menacés de mort dans leur pays. Sept d'entre eux reconstruisent leur vie, à Annecy.
Un nouveau départ. Depuis le coup d'état des Talibans dans leur pays en août 2021, ces sept jeunes de l'équipe afghane de snowboard, âgés entre 19 et 24 ans, étaient en exil au Pakistan.
Loin de leurs familles, ces athlètes survivaient depuis plusieurs mois grâce à l'aide financière de l'association Snowboarders of Solidarity (SOS). Créée par le snowboarder tricolore Victor Daviet, habitué des podiums en compétition, l'ONG s'est occupée des démarches administratives pour faciliter leur venue en France.
C'est pour eux une nouvelle vie qui a commencé. Sur les chemins qui mènent au mont Veyrier, au-dessus du lac d'Annecy, France 3 Alpes les a retrouvés ce jour-là, en compagnie de Victor, qui se souvient "d'une bataille qui a duré plus d'un an", depuis qu'ils l'ont appelé au secours.
A chaque fois ça s'est joué avec des petits bouts de ficelle
"On est passés par plein d'étapes, qui ont été vraiment délicates, et à chaque fois ça s'est joué avec des petits bouts de ficelle, c'est comme ça que je peux l'exprimer le mieux, à chaque fois on est allés de contact en contact, et avec ces bouts de ficelle on a réussi à réaliser une corde qui a permis de les faire sortir".
ils ont reçu des menaces de mort dans leur pays, c'était des "activistes" tout simplement parce qu'ils faisaient du sport, C'est ce qui m'a le plus touché
Victor Daviet
Depuis Kaboul, en passant par le Pakistan, ils sont finalement arrivés à Paris le 10 octobre dernier. Aujourd'hui ils sont protégés mais vivent "le rêve et le cauchemar à la fois, le déchirement, la culpabilité d'avoir laissé la famille sur place".
Nasima a encore le coeur là-bas, où toute sa vie a basculé : "En Afghanistan la situation est vraiment compliquée particulièrement pour les femmes, c'est très difficile pour elles, tu ne peux pas aller à l'université ou faire du sport, tu dois juste rester à la maison et faire le ménage".
Soroush n'en revient toujours pas, il savoure la liberté, garde le sourire et surtout cette envie de s'intégrer car "ils ont reçu des menaces de mort dans leur pays, c'était des "activistes" tout simplement parce qu'ils faisaient du sport, ce qui est interdit par le régime des talibans, mais en venant ici, ils ont vraiment fait une croix sur tout leur passé" rappelle Victor.
Grâce à de nombreux acteurs de la montagne mais aussi des généreux qui ont donné de leur temps pour les uns, de leur réseau parfois pour les autres, les voilà tous les sept hébergés pour quelques mois à Annecy en attendant de goûter à la poudreuse avec "le King" , snowboardeur professionnel devenu "gentleman rider", fondateur de l'association SOS "Snowboarders of Solidarity".
Moi je me pose en ami, pas du tout en sauveur, le but c'est de ne créer aucune dépendance, c'est vraiment qu'ils recommencent tous seuls
C'est avec beaucoup d'humilité que Victor assure avoir agi "avec passion, amitié, et sens du partage" . "Moi je me pose en ami, pas du tout en sauveur, je suis là pour les conseiller, qu'ils puissent s'intégrer le mieux possible dans cette nouvelle vie, le but c'est de ne créer aucune dépendance, c'est vraiment qu'ils recommencent tous seuls" poursuit-il.
Seuls mais solidement accompagnés, à commencer par les cours de français, intenses mais efficaces. D'ici peu, l'équipe afghane pourra se remettre... à rêver des Jeux olympiques d'hiver, à Milan en 2026.