Ce mardi 24 mai, l'ensemble des services de la clinique générale d'Annecy ont été touchés par une grève de ses personnels. Au centre des revendications : un pouvoir d'achat en chute libre à cause de salaires trop bas dans une ville réputée chère.
"Clinique privée, personnel maltraité, patients en danger". Un slogan aperçu sur une banderole mardi 24 mai devant la clinique générale d' Annecy, en grève.
"Sur 300 personnes, nous sommes une centaine en grève. Pas seulement les infirmières ou les aides-soignantes : notre mouvement touche tous les services", explique Marion Nigon, la porte-parole du collectif des personnels de la clinique.
"Nous tirons la sonnette d'alarme depuis juillet l'an dernier. Mais nous ne sommes pas entendus par le propriétaire de l'établissement : le groupe "Vivalto Santé (le troisième groupe d'hôpitaux et de cliniques privées de France. NDLR)".
"Risque de burn out général"
D'après les personnels réunis en collectif, depuis l'an dernier, les conditions de travail n'auraient cessé de se détériorer. Manque de personnel (dans certains services deux infirmières au lieu de sept en temps normal), congés annulés (c'était le cas pour les dernières vacances de Noël), ou personnel rappelé de vacances pour pallier l'absence de recrutement sur des postes de travail laissés vacants.
C'est bien ce dernier argument que la direction met en avant pour justifier la surcharge de travail des personnels.
"A Annecy comme ailleurs, nous n'arrivons pas à recruter", explique Caroline Desaegher, la directrice de la communication du groupe "Vivalto Santé". "Nous avons ouvert vingt-trois postes au recrutement. Cela fait des mois que l'on cherche. On a même mis une prime à l'embauche de 2 000 euros. Nous avons essayé de tirer parti du 1 % logement pour inciter les candidats à se manifester : rien n'y fait", se désole-t-on à la direction.
Des arguments insuffisants apparemment pour peser dans la balance, à fortiori quand la proximité de la Suisse et ses salaires plus élevés ont tendance à faire facilement franchir la frontière au personnel soignant français.
"Depuis 3 ans, même les services de santé canadiens viennent recruter nos infirmières françaises", explique encore Caroline Desaegher.
Un différentiel de salaire avec le secteur public
Lors du CSE de jeudi 18 mai, la direction a donc proposé un plan d'évolution salariale, applicable dès la fin mai. 250 euros brut pour les infirmières, 80 euros brut pour les aides soignantes et 300 euros de prime pour les salariés ayant au moins 10 ans d'ancienneté.
"Nous voulons des augmentations pour toutes les catégories de personnel" a répondu le collectif. "Car non seulement nous sommes surchargés de travail, mais en plus, dans une ville comme Annecy qui n'est pas bon marché, nous sommes particulièrement sous-payés ; notamment par rapport à nos collègues des hôpitaux publics", argumente Marion Nigon.
Face à la colère de ses employés, la direction a donc décidé de réquisitionner 29 employés et déprogrammé l'essentiel des rendez-vous du bloc opératoire par lequel passent 80 à 100 patients chaque jour.
La clinique générale d'Annecy compte 296 employés en CDI pour 170 lits.