Les soldats du 27ème bataillon de chasseurs alpins d'Annecy sont de toutes les guerres. Géraud Burin des Roziers fut l'un d'eux. Aujourd'hui reporter de guerre et réalisateur, il a recueilli la parole de ses frères d'armes. De ceux qui, il y a un peu plus d'une décennie, étaient en Afghanistan. Des paroles fortes d'hommes blessés dans leurs chairs et dans leurs âmes. Dire pour ne pas oublier, témoigner pour ne pas être oubliés.
C'est un film d'honneur. Celui qui fait les Hommes. C'est un film de valeurs. Celles qui font l'Humanité. Et c'est un film de guerre où tout cela est mis à mal. Un film où des soldats, toujours en activité ou revenus à la vie civile, se libèrent. Par des mots, des confidences recueillies par celui qui fut l'un des leurs. Géraud Burin des Roziers, le réalisateur, est un ancien du 27ème BCA (bataillon de chasseurs alpins) d'Annecy. Il a porté les couleurs du régiment et a une dette envers lui : "Je sais ce que je leur dois. Les soldats du 27ème BCA m'ont sauvé la vie dans un accident de montagne" .
Il paye "sa dette" en les écoutant, simplement et sans jugement.
Et il les connait bien ces hommes. Des frères, des frères d'armes qu'il a accompagnés dans plusieurs missions en tant que reporter de guerre. Ils ont des points communs : le terrain, les valeurs militaires, le respect et la confiance mutuels.
"Rendre hommage à ceux qui ne renoncent pas"
Géraud Burin des Roziers, réalisateur
"Des commandos montagnes m'ont dit qu'ils ne voulaient pas être les oubliés de l'Histoire et parce qu'une guerre chasse l'autre, ils voulaient savoir ce qui restait de l' Afghanistan . Que devenait ce sacrifice auquel ils avaient consenti, mais aussi celui de leur famille ? Je veux rendre hommage à ceux qui se battent, à ceux qui ne renoncent pas. Montrer ce qu'il y a de meilleur en chacun."
Raph, Mourald, Pedro, Laurent, Bertrand, Thomas et d'autres, quel que soit leur grade, déposent leurs maux avec des mots. Ils parlent du STP (stress post traumatique) : " C'est pas une grippe ni un rhume que l'on soigne avec des médicaments. Le STP c'est une sacrée saloperie" dit l'adjudant-chef Pedro qui pendant toutes ces années n'a pas réussi à dire à ses proches combien c'était difficile. Thomas raconte "la perte de sens" qui sur le terrain l'a contraint à partir "pour ne pas mettre ses camarades en danger".
" Il y a quelque chose de nous qui est resté là-bas"
Raph, ancien commando montagne
Revenu à la vie civile, Raph garde dans ses chairs le souvenir de ses années afghanes. Pour la première fois depuis son retour, il ose mettre des mots sur le traumatisme : " C'est quelque chose de très dur et c'est encore très douloureux. J'ai toujours caché ce que j'avais ressenti parce que j'avais peur du regard des autres. Mais il est évident que quelque chose de nous est resté là-bas".
Traumas et souvenirs de camaraderie se mêlent dans la voix des uns et des autres. Des hommes discrets et pudiques dont on ne parle pas et qui pendant ces années afghanes, face à un ennemi le plus souvent invisible, n'ont pu compter que sur eux-mêmes et sur leurs familles.
" Si je pars demain, j'aurais la fierté d'avoir partie de cette aventure, confie Géraud Burin des Roziers. Un film c'est une belle trace mettant dans un écrin la parole de ceux qui m'ont accompagné"
90 militaires français sont morts en Afghanistan, 700 ont été blessés.
Aujourd'hui, plus de 35 000 soldats français sont engagés dans des opérations extérieures.
"Frères d'armes, nos années afghanes", un film de Géraud Burin des Roziers coproduit par Ligne de Front et France télévisions. A découvrir jeudi 10 novembre , dans la case documentaire La France en Vrai à sur France3 Auvergne-Rhône-Alpes à 22H 45.