Une nuit de juin 2015, un réglement de comptes sur fond de dettes liées au trafic de drogues avait secoué le village de Duingt et les bords du lac d'Annecy. La victime avait été traquée par son agresseur jusque dans le véhicule des pompiers qui l'emmenaient aux Urgences.
Vingt ans de réclusion criminelle ont été requis jeudi à Annecy contre le plus impliqué des trois accusés d'une chasse à l'homme qui s'est achevée avec l'incendie d'un véhicule de pompiers en 2015, a-t-on appris de sources judiciaires.
Devant les assises de Haute-Savoie, l'avocate générale Anne Gaches a aussi demandé une peine de sûreté de 10 ans à l'encontre de Nathan Revet, 25 ans, au centre de cette déferlante de violence de la nuit du 23 au 24 juin 2015, qui semble prendre ses racines dans une dette liée au trafic de drogue.
Cette nuit-là, le jeune homme s'en était pris à David Vittuli, un "ami d'enfance" et surtout tête d'un réseau local de trafic de stupéfiants. Ayant caché la drogue chez une tierce personne qui l'aurait revendue, il se trouvait débiteur d'entre "60.000 à 80.000 euros", selon l'enquête.
David avait été lardé de plusieurs coup de couteau, puis poursuivi dans un bois et traqué jusque dans le véhicule de secours des pompiers volontaires qui l'emmenaient à l'hôpital. Sur les rives du lac d'Annecy, à Duingt, la voiture des trois accusés stoppe le véhicule des pompiers. Un coup de feu est tiré dans leur direction. Le blessé - qu'il s'agissait de "finir" - n'a dû la vie qu'à une arme qui s'est enrayée, à un routier qui l'a sorti de l'incendie allumé volontairement et à l'échec de deux tentatives d'écrasement.
Contre le second accusé qui avait un moment pris le volant, Marien Bonfils, 25 ans, 10 ans de réclusion criminelle ont été requis. Enfin, 5 années de réclusion dont 4 avec sursis et 3 ans de mise à l'épreuve ont été requises contre Corentin Teypaz, 22 ans, qui a été présent durant toute l'équipée sauvage sans intervenir.
Les avocats de Teypaz, qui a le plus coopéré avec la justice, ont plaidé l'acquittement, le décrivant comme une "victime collatérale" d'une "violence telle qu'il n'arriv(ait) pas à réagir", a expliqué Me Pauline Cornut. Le verdict est attendu vendredi après-midi, les jurés devant répondre à 75 questions.