Le tribunal correctionnel d'Annecy aura fort à faire pour comprendre la vie abracadabrantesque d'un homme de 45 ans, jugé pour faux en écriture publique et privée, usage de faux, escroquerie et bigamie. Le procès débute ce vendredi 14 septembre.
En juillet 2015, Mme C. est mariée depuis douze ans avec le père de ses trois enfants, M. L. Celui-ci a une vie professionnelle qui l'oblige, dit-il, à s'absenter pour de longues périodes du domicile familial. A sa femme, il raconte en effet qu'il est un agent de terrain de la DGSE. Mais en se rendant à la caisse d'allocations familiales, elle découvre que le scénario est tout autre.
Un conseiller lui apprend en effet qu'elle est... divorcée de son mari depuis trois ans, en vertu d'un jugement du tribunal d'instance de Marseille du 10 juin 2012. Elle fouille alors dans ses affaires et découvre différents documents, dont une déclaration d'impôt aux noms de son mari et d'une Mme S. épouse L., avec copie du livret de famille.
Une enquête est ouverte et apporte encore son lot de surprises : M. L. est fiché à la Banque de France, le jugement de son divorce est falsifié, tout comme la copie de son acte de naissance, d'un passeport, un acte de transcription de son adoption plénière, des factures et des bulletins de salaire.
La société BDO International, pour laquelle il est censé avoir travaillé ce qui lui permet de toucher des allocations de Pôle Emploi (5.000 euros par mois) depuis 18 mois, n'existe pas et son rôle à la DGSE semble inexistant.
Entendue par les enquêteurs, Mme S. déclare qu'elle pensait le divorce entre M. L. et Mme C. prononcé quand elle s'est mariée avec lui en juin 2013, et qu'elle ignorait tout de ses agissements frauduleux. M. L. a reconnu l'ensemble des faits en garde à vue, expliquant avoir agi de la sorte pour pouvoir souscrire des emprunts et obtenir un crédit immobilier avec sa deuxième femme.
Une experte psychologue a conclu à l'absence de troubles d'ordre psychologique et à une intelligence au-dessus de la moyenne. Le prévenu encourt cinq ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende. Seule la deuxième femme était présente à l'ouverture du procès vendredi matin devant le tribunal correctionnel d'Annecy.