Handicap. "Quand j'ai pu remonter ici, c'était des larmes de joie" : comment ils ont retrouvé les plaisirs de la randonnée en montagne

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Découvrez comment le FTT (Fauteuil tout-terrain) a redonné le sourire à Nathalie, une personne à mobilité réduite, en pleine redécouverte de l'univers montagnard. ©France 3 Alpes

Cela faisait des années qu'ils n'avaient plus goûté aux joies de la randonnée en altitude, en raison de leur handicap. Une injustice réparée grâce à des fauteuils tout-terrain électriques fabriqués par une entreprise d'Annecy (Haute-Savoie) et qui ont permis à une centaine de personnes à mobilité réduite de retrouver les plaisirs de la montagne.

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"Après le Semnoz, on fait le tour du Mont-Blanc !" Arrêtée sur le bord du sentier pour échanger, sourire aux lèvres, avec un groupe de randonneurs, Nathalie Petit se sent comme un poisson dans l'eau à 1500 mètres d'altitude, sur les chemins du Semnoz (Haute-Savoie). Des montagnes, qui depuis 2012, date du dépistage de sa sclérose en plaques, lui étaient inaccessibles.

"Avant, j'étais une pile électrique. Mon loisir préféré, c'était la randonnée. Alors, quand j'ai pu remonter ici en FTT (fauteuil tout-terrain, NDLR), c'était des larmes de joie", confie Nathalie, la voix étranglée par l'émotion. 

L'instrument d'une renaissance

"C'est le bonheur, je reprends vie avec ça", lâche-t-elle une fois en route. Car ce FTT électrique, qu'elle commande d'un doigt, grâce à un joystick, a agi sur elle comme un baume. Apaisant sa blessure de ne plus pouvoir accéder aux grands espaces montagnards comme avant.

"Juste après le Covid, nous sommes partis au Népal avec quatre personnes à mobilité réduite. Quand on est revenus, on s'est dit pourquoi ne pas permettre à ces personnes de randonner aussi dans nos montagnes ?", explique Marc Garcin, président de l'association "Handi Lac et Montagnes".

Un an plus tard, la collecte de fonds auprès de mécènes privés et publics commençait. C'est que le prix d'un fauteuil tout-terrain électrique est élevé : entre 5 et 15 000 euros, selon le degré de sophistication. Un investissement évidemment pas à la portée de tous les particuliers.

"On a donc commencé à acheter le matériel, et on l'a mis à disposition de différentes structures d'aide, d'associations ou de familles de handicapés, réparties aux quatre coins de la Haute-Savoie."

Trois ans plus tard, l'association est fière d'avoir un "cheptel" de 11 montures au total. Deux joëlettes (dont une électrique), un hippocampe (fauteuil à 3 roues), 1 cariâne (fauteuil tracté par un âne ou un poney) et pas moins de sept FTT électriques. "Fabriqués à Annecy, en plus", conclut fièrement le président de l'association.

Un leader mondial made in Annecy

C'est en effet dans un petit atelier de Seynod (Haute-Savoie), que les sept salariés du leader mondial de la fabrication fabriquent depuis presque 15 ans, ces FTT ouvreur de grands espaces d'altitude.

Quatre copains de la région d'Annecy, qui se sont associés autour de cette idée. Poussés en cela par la détresse de l'un d'entre eux, privé de montagne par un accident de la route. Pendant plus de 20 ans, Jean-Luc Fumex est resté cloué en fond de vallée dans un fauteuil qui n'avait rien de "tout-terrain".

"Le premier prototype que l'on a mis au point en 2008 était fait pour être amené en altitude par un télésiège", explique Jean Luc. "Une fois en haut, on descendait par gravité. Et après, on est rapidement passé sur l'électrique".

Une véritable révolution, qui a permis de relever de nouveaux défis aux "Quadrix" : la nouvelle génération de FTT made in Annecy. Celui d'une autonomie des batteries qui peut désormais aller jusqu'à pouvoir randonner pendant 50 à 70 kilomètres. Celui de la vitesse aussi : 15 km/h pour les montures équipées de moteurs de fauteuils classiques. Et même 25 km/h pour les fauteuils pourvus de moteurs électriques de vélos.

Autre défi, tellement important en montagne : pouvoir défier des pentes allant jusqu'à 20 %. Et même davantage, grâce à des "boosters" adaptés.

"Nous sommes à l'affût de toutes les innovations technologiques dans le monde du vélo électrique, notamment", explique encore Jean-Luc. "On teste les nouvelles batteries, les nouvelles motorisations, les nouveaux freinages, hydrauliques par exemple… Aujourd'hui, on a des engins dont je n'aurais même pas pu rêver quand on a fabriqué nos premiers FTT". 

Le constructeur haut savoyard, en produit une centaine par an actuellement, exportés partout dans le monde.

Un moteur d'inclusion

Mais le plus grand "miracle" de l'avènement du fauteuil tout-terrain, c'est celui de l'inclusion. Et en la matière, ce sont encore ses utilisateurs qui en parlent le mieux.

"On se promène en même temps que tous les autres randonneurs, sur des sentiers que l'on pensait perdus, ou que l'on ne pourrait plus jamais faire, se réjouit Nathalie. Et peu importe la pente ou la difficulté des chemins.  C'est un bonheur immense !"

Une rencontre entre personnes handicapées et valides qui passera encore à la vitesse supérieure le week-end des 7 et 8 septembre prochains lors de la 4e édition du "R'Handi Bike Festival", au Semnoz.

Parcours, randonnées découvertes et animations diverses permettront de célébrer l'inclusion de tous les amoureux des grands espaces. Sans plus jamais laisser les personnes à mobilité réduite au bord du sentier.

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