431 emplois sont menacés en France dont 20 à Blois. La plus grande association nationale APF France Handicap qui gère 400 établissements médico-sociaux traverse une grave crise financière, ce qui l'oblige à licencier en masse. La CGT d'APF France Handicap qui appelle à la grève ce jeudi 12 décembre, exige un plan de sauvegarde de l'emploi à la hauteur et de meilleures mesures d'accompagnement pour les salariés licenciés.
L'association APF France handicap est connue pour l'accompagnement qu'elle propose aux personnes en situation de handicap notamment avec "la caravane des oubliés"qui sillonne les départements pour briser l'isolement des aidants par l'écoute et en leur proposant des solutions.
APF France handicap a été créée en 1933. Elle est la plus grande association nationale qui a un chiffre d’affaires d'un milliard d'euros et emploie 17 000 personnes. Elle gère notamment 400 établissements médico-sociaux en France comme des foyers pour adultes, ou enfants en situation de handicap, des instituts d'éducation motrice qui accueillent les enfants à la journée ou encore des services d'aides à la personne.
Mais depuis 2021, elle traverse une grave crise financière que la CGT attribue à "une absence totale de pilotage et une mauvaise gestion. En 2023, l'association a enregistré un déficit de 38 millions d'euros", explique François Verdelet, délégué syndical central de la CGT d'APF France Handicap qui appelle à la grève les salariés ce jeudi 12 décembre. Un déficit qui peut s'expliquer par un recours massif aux intérimaires pour pallier le manque d'infirmièr(e)s et d'aides soignant(e)s.
"Chez nous,7 000 salariés ont un salaire de base inférieur au SMIC. Ils touchent le SMIC parce que c'est la loi, mais une infirmière préférera travailler à l'hôpital que chez nous. Donc on ne trouve plus de gens qui acceptent de travailler chez nous. En revanche, quand ils viennent comme intérimaires ils sont mieux rémunérés. Donc on a un recours massif à l'intérim". Selon les chiffres de la CGT, en 2023, l'intérim a coûté plus de 21 millions d'euros à l'association.
431 emplois menacés
C'est en septembre que la direction de l'APF France handicap a annoncé aux salariés que les fonctions support allaient largement être diminuées. "431 emplois sont menacés. C'est tout ce que la direction a pu gratter dans les services support qui va être impacté", résume Fabrice Verdelet.
Les douze centres de gestion mutualisée régionaux vont tous fermer. Soit 300 salariés. "Nous sommes les comptables des centres médico-sociaux qui accueillent les personnes en situation de handicap et qui sont gérés par APF France Handicap".
Francine Palleau est comptable au centre de gestion mutualisée de Blois depuis 10 ans. Elle a appris que son centre allait fermer par visio en septembre. Les douze centres vont être mutualisés sur cinq sites : Caen, Nantes, Rennes, Dijon et Metz. "On est très en colère parce que l'annonce a été violente et qu'on n'a rien vu venir", confie-t-elle. À 59 ans, il lui reste un peu plus de trois ans à travailler avant de pouvoir partir à la retraite.
"Soit on accepte la mutation à Caen, soit on est licencié en janvier 2025. Et il n'est pas envisageable que je parte à Caen. Mes enfants sont ici. Mon mari travaille ici. Et parmi mes collègues, personne ne veut partir à Caen," assure Francine Palleau. "Mais faire partie des séniors sur le marché du travail cela m'inquiète beaucoup. "
"Dans ces centres de gestion, l'association considère qu'avec 50 % d'effectifs en moins, ils feront le même travail," complète Fabrice Verdelet, de la CGT.
En plus des 300 postes de comptables et gestionnaires de paie, 101 postes sont menacés dans les entreprises adaptées, des entreprises qui accueillent des personnes en situation de handicap. "Chacune des 23 entreprises adaptées va potentiellement perdre entre 3 et 12 salariés sur des services support", explique Fabrice Verdelet, délégué syndical central de la CGT APF France. "Ce sont des collègues qui vont avoir du mal à retrouver un travail dans un milieu dit ordinaire", craint l'élu syndical. " Nos collègues sont accueillies dans ces entreprises qui bénéficient d'aide aux postes qui permettent d'adapter les postes de travail à leur handicap. Ce qui n'est pas le cas le plus souvent ailleurs. "
Au siège, 37 emplois pourraient être supprimés et à Pessac près de Bordeaux, au service informatique, les effectifs pourraient être réduits d'un tiers, soit 20 personnes.
La CGT exige un PSE à la hauteur
Après une première grève le 8 octobre, une deuxième journée de mobilisation est prévue ce jeudi 12 décembre, jour de négociation des moyens d'accompagnement du PSE. "Sous prétexte qu'on est une association, on ne mettrait pas les moyens à la hauteur pour accompagner les salariés dans leur perte d'emploi et dans la possibilité de retrouver un emploi en interne ou en externe", souffle Fabrice Verdelet de la CGT. "Le plan de sauvegarde de l'emploi n'est pas à la hauteur et on a déclenché ce mouvement de grève pour montrer à l'employeur qu'on est mécontent et pour que nos collègues soient soutenus."
Le syndicat demande un allongement de la durée reclassement de 6 mois à 9 mois, 24 mois pour les personnes en situation de handicap, davantage de formation et de congés de reconversion.
Le préavis de grève est national. Les salariés sont appelés à débrayer entre une heure et une journée selon ses moyens. Une manifestation est prévue devant le siège à Paris dans le 13 ème arrondissement pendant le CSE central.
Au centre de gestion de Blois, les salariés vont débrayer entre 15h et 16h ce jeudi 12 décembre.