C'est à la sortie d'un cours qu'un adolescent s'est fait passer à tabac dans son collège à Saint-Priest. En situation de handicap, l'adolescent a été agressé par trois camarades de classe : nez cassé, vertèbres touchées, le médecin lui a prescrit neuf jours d'ITT.
"Il était en cours de Français. En sortant de classe, trois énergumènes lui ont sauté dessus et l'ont roué de coups-de-poing", en quelques mots et tout en colère retenue, Yonnel (prénom d'emprunt) résume l'agression subie par son fils, dans les couloirs de son collège.
9 jours d'ITT
Les faits se sont déroulés, mercredi 4 décembre au Collège Gérard Philippe, de Saint-Priest, dans la métropole de Lyon. Joseph (prénom d'emprunt), 12 ans, a été agressé par trois camarades de classe dans les couloirs de son collège. Un professeur d'une autre classe, prévenu par des élèves, intervient. Joseph est alors emmené à l'infirmerie.
"L'infirmière nous a appelés, nous disant qu'il y avait été chahuté, mais qu'il n'y a rien de grave", retrace Yonnel. À midi, quand le père de famille récupère son fils, celui-ci se plaint de douleurs au cou, il l'emmène donc à l'hôpital. Le verdict tombe : le nez de l'adolescent est fracturé, les vertèbres sont touchées, ainsi que le visage. Le médecin prescrit 9 jours d'ITT (Interruption Temporaire de Travail).
Je leur confie mon fils, c'est inadmissible qu'ils me le rendent cassé.
Yonnel*, père d'un adolescent agressé
Une violence que le père de famille n'arrive pas à expliquer. " Il ne s'est jamais rien passé avec ces camarades. Mon fils est dys (NDLR : trouble des fonctions cognitives du cerveau relatives au langage, à l'écriture, au calcul, aux gestes et à l'attention) et dans le spectre autistique. Il bouge tout le temps, il est dans son monde, il est impatient et d'autres fois très calme, mais il n'avait jamais parlé de conflit avec des camarades ", détaille Yonnel, qui est allé porter plainte contre les trois agresseurs, après le passage à l'hôpital.
Un père de famille également en colère contre l'établissement scolaire : "Je leur confie mon fils, c'est inadmissible qu'ils me le rendent cassé. Je ne comprends pas que l'infirmière ne se soit pas rendu compte de la gravité des coups", s'exaspère le parent d'élève qui menace de porter plainte contre celle-ci " pour négligence ".
Pour Yonnel, l'équipe pédagogique de l'établissement n'a pas été suffisamment. Au lendemain des faits, le jeudi 5 décembre, il n'avait pas pu être reçu par la direction, à cause de la grève. Si depuis le père de famille a bien eu un rendez-vous, il ne décolère pas : " personne ne me demande comment va mon fils." Un adolescent qui selon son père, une semaine après l'agression, est toujours prostré et traumatisé. " Il ne sort plus de sa chambre, il attend qu'on ait mangé pour venir chercher quelque chose et retourne dans sa chambre ", détaille le père qui cherche un rendez-vous chez un psychologue avec son épouse.
Un conseil de discipline à venir
Contacté, l'établissement renvoie vers l'Académie pour toute question. De son côté, la communication de l'Académie, indique que deux des élèves agresseurs sont suspendus, en attendant leur conseil de discipline. Pour le troisième élève, qui aurait finalement tenté de s’interposer entre ses camarades et leur victime, l'établissement a décidé de l'exclure pendant huit jours.
Je refuse de devoir changer mon fils d'école, c'est lui la victime.
Yonnel*, père d'un adolesent agressé
" L’équipe du collège Gérard Philippe sera particulièrement attentive à la situation de l’élève victime lors de son retour en cours. L’école doit rester un lieu protégé de tous les types de violence et les élèves doivent y être en sécurité", complète le service de communication.
Pas de quoi contenter Yonnel qui s'inquiète de la suite : "Je refuse de devoir changer mon fils d'école, c'est lui la victime, je ne veux pas que ça passe à l'as. Il ne nous parle pas de l'agression : il ne dénoncera jamais personne, il ne parlera jamais mal de personne. "
Selon les chiffres nationaux, dans le second degré, les chefs d’établissement ont signalé 13,7 incidents graves pour 1 000 élèves en 2022-2023, un chiffre en augmentation. Une hausse principalement portée par les collèges, où ont lieu près de trois incidents sur quatre.
(Les prénoms de la victime et de son père ont été changés pour préserver leur anonymat et éviter des représailles)